Une semaine de campagne, épisode 4

Who won the debate? Pence-Harris showdown draws range of opinions online |  Fox News

Plus que 3 semaines avant le D-Day folks ! Comme chaque mardi, je vous relate les événements marquants de la semaine écoulée pour vous permettre de ne rater aucun des soubresauts de ce duel mortel. Au programme cette semaine, le retour fracassant de Trump dans la campagne, le débat policé entre Pence et Harris, qui pourrait bien être le dernier, et les premières tendances du vote par correspondance… La campagne est repartie de plus belle sur le terrain et il apparaît de plus en plus probable que la Pennsylvanie sera l’état clé de l’élection. Malgré les sondages négatifs pour Trump, il semble que les candidats tablent sur une élection extrêmement serrée…

MARDI 06/10 : Economie COVID et Hillary : Trump repart à l’attaque !

Regeneron : que sait-on du traitement expérimental administré à Donald Trump ?
Le Regeneron pour régénérer la campagne Trump ?

Trump a attaqué la semaine en fanfare. Alors qu’il sortait à peine de l’hôpital, Trump s’est montré particulièrement bavard sur Twitter. Tout d’abord, il a fait plonger la Bourse en annonçant la fin des négociations avec la chambre des Représentants au sujet d’un énième plan de relance pour soutenir l’économie. Il a expliqué que les négociations reprendraient après le 3 novembre et qu’il proposerait un plan extrêmement ambitieux une fois réélu. Il a cependant rétropédalé sur un point : la prestation minimum accordée aux ménages d’un montant de 1 000 $ doit être votée et séparée du reste du texte.

Cette annonce confirme le nouveau choix stratégique de Trump dans sa gestion de l’épidémie du COVID : cette maladie est à peine plus dangereuse que la grippe, il faut cesser d’en avoir peur. Trump en a profité pour faire la promotion du médicament miracle, le Regeneron, qui l’a remis sur pied en moins de 3 jours. Trump a promis d’offrir ce médicament aux américains gratuitement, annonce passée totalement inaperçue dans les médias. Bien entendu, si les promesses n’engagent que ceux qui les croient, cette sortie est assez intelligente et pourrait avoir un écho positif auprès de l’électorat populaire de gauche, peu emballé par la candidature Biden et très critique du « lobby » Big Pharma.

Enfin, Donald Trump a tancé ses ministres Mike Pompeo et Bill Barr les enjoignant à déclassifier rapidement les mails d’Hillary Clinton. Pour rappel, en 2016, il avait été révélé que Clinton avait utilisé son adresse mail personnelle lorsqu’elle était en fonction au poste de Secrétaire d’Etat. 33 000 mails échangés et… supprimés. Cette affaire avait, en partie, coûté la présidence à Clinton puisqu’elle était accusée au mieux de négligence extrême, au pire de trahison d’Etat (qui vaut peine de mort aux Etats-Unis). Le FBI a annoncé début octobre que tous ces mails avaient été retrouvés et des rapports officiels laissent entendre que l’administration Obama pourrait avoir couvert certains agissements de la mère Clinton… Pompeo a promis de rendre public ces mails avant le 3 novembre. Cette déclassification de dernière minute permettra-t-elle au président de tenir une de ses promesses de 2016, à savoir mettre Hillary Clinton en prison ? A suivre.

MERCREDI 07/10 : Débat Pence/Harris, qui l’a emporté ?

USA 2020 : Le débat sérieux Pence/Harris contraste avec l'empoignade  cacophonique Trump/Biden
La mouche sauve Kamala sur la dernière image

Ce mercredi avait lieu le débat des candidats à la Vice-Présidence, Mike Pence et Kamala Harris. Si le débat des colistiers a généralement peu d’importance, cette année est particulière. En effet, du côté démocrate, Harris est la colistière du candidat le plus âgé de l’histoire et 60% des électeurs sont persuadés qu’il ne parviendra pas à finir son mandat. Les américains souhaitaient donc voir si elle pouvait être à la hauteur de la fonction. Côté républicain, Mike Pence, vice-président depuis 4 ans, passait également un test dans le contexte de la convalescence de Donald Trump. Est-il le successeur naturel du président ? 60% des électeurs républicains voteraient aujourd’hui pour lui dans le cadre de la primaire républicaine de 2024 et il s’agissait donc de confirmer cette tendance. Pour 2020, l’enjeu était aussi de ne pas plomber sa tête d’affiche avec une bourde. Il n’en a rien été et le débat a même été de bonne facture, permettant aux 2 candidats de définir leurs programmes respectifs dans les grandes lignes.

Alors, qui a remporté ce débat ? Le challenge était particulièrement relevé pour Kamala Harris qui faisait face à l’un des tous meilleurs débatteurs de la scène politique américaine. Pence est tout le contraire d’un Trump : calme et cérébral, il est très difficile à prendre en défaut. Pendant 1h30, il a combattu point par point l’argumentaire d’Harris. Attaqué d’abord sur la gestion de la crise du COVID, celui-ci a demandé à sa concurrente de préciser les solutions qu’elle aurait mis en place. Eludant la question, Harris a préféré jouer sur l’émotion des spectateurs en expliquant que l’administration Trump avait laissé mourir 210 000 personnes. Pence s’en est tenu aux réalisations de son gouvernement : fermeture des frontières précoces avec la Chine et l’Europe, soutien économique aux plus démunis et recherche d’un médicament pour la fin de l’année. Il a même réussi un tour de passe passe pour faire dire à Kamala Harris qu’elle ne se vaccinerait pas si Trump faisait la promotion d’un vaccin contre le COVID. Sur le plan économique, Harris a décliné le plan économique de Joe Biden en promettant de ne pas augmenter les impôts sauf ceux de Trump. Mike Pence a été particulièrement efficace en étant factuel : Trump a fait augmenter les revenus de chaque ménage de 4 000 dollars en moyenne grâce aux baisses d’impôts et le programme de Biden prévoit de les augmenter drastiquement. Il en a rajouté une couche en s’adressant aux électeurs de Pennsylvanie : Biden veut mettre fin aux emplois dans les secteurs de l’extraction d’énergie fossile ou de gaz de schiste. Harris n’a pas été capable de répondre sur ce point et a préféré changer de sujet. Sur les relations internationales, Kamala Harris a reproché au président Trump de ne pas avoir tenu parole. Faux pour Pence, Trump a bien déroulé son programme : lutte contre Daesh, désengagement militaire en Syrie et en Afghanistan, normalisation des relations d’Israël avec ses voisins, pas de guerre déclenchée pendant son mandat et reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Sur la Cour Suprême, Harris a de nouveau joué sur la corde sensible en évoquant le fait que l’avortement pourrait être remis en cause. Pence lui a alors demandé si elle comptait réformer la Cour Suprême en rajoutant des sièges. En effet, Biden élude le sujet depuis 2 semaines, or les américains n’aiment pas qu’on touche à leur Constitution qui limite à 9 membres le nombre de juges à la Cour Suprême. Là encore, Kamala Harris n’a pas répondu. En définitive, Harris s’est montrée combattive et a tenté de piéger Pence à plusieurs reprises mais, en se cantonnant au registre de l’émotion, elle n’a pas rassuré les indécis. Au contraire, Pence en a appelé à la raison des électeurs et il a été bon même quand il répondait à côté. Pas de sondage post-débat mais pour les médias de grande qualité comme CNN, la mouche qui s’est posée sur les cheveux de Pence a fait basculer le débat en faveur de Kamala Harris (j’exagère à peine).

JEUDI 08/10 : Premières tendances du vote par correspondance

Les premiers chiffres du vote par correspondance sont sortis ce jeudi et ils sont plutôt encourageants pour… Donald Trump ! En effet, si rien ne permet de savoir pour qui les électeurs ont prévu de voter, on peut connaître l’identité politique des inscrits. Dans un sondage récent produit par Pew Research, l’institut a souhaité connaître les préférences des votants en fonction de leur méthode de vote. Les électeurs ayant prévu de voter par correspondance votent à 69% pour Biden contre 27% pour Trump. Ceux qui ont prévu de voter en personne au bureau de vote mais en avance penchent à 55% pour Biden et 40% pour Trump. Quant à ceux qui voteront le jour J, ils sont 63% à préférer Trump contre 31% à Biden.

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Que nous disent donc ces premiers chiffres ? Pour l’instant, les démocrates renvoient moins leur bulletin qu’attendu 55% en moyenne contre 25% pour les républicains. En Floride, état clé, l’écart est même moindre 50% contre 30%. En Pennsylvanie ou en Iowa, l’écart est très important certes mais, très peu d’électeurs ont pour l’instant choisi l’option du vote par correspondance (3%). Dans le Wisconsin, nous ne connaissons pas l’identité politique des inscrits mais 57% des bulletins renvoyés proviennent de comtés qui avaient voté majoritairement Trump contre 43% de comtés pour Biden alors que ces comtés sont ceux des grandes villes. La seule bonne nouvelle pour les démocrates provient pour l’instant de Caroline du Nord. Les sondages l’ont montré, les électeurs de Trump sont presque 2 fois plus enthousiastes à voter pour leur candidat que les électeurs de Biden. Si les démocrates ont pris de l’avance dans les votes par correspondance, on s’attendait à une vague plus importante. Tendance à confirmer dans les 3 prochaines semaines.

VENDREDI 09/10 : Dis moi où tu vas, je te dirai où l’élection se joue

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Joe électrise le Nevada

Les sondages du début de semaine sont catastrophiques pour Trump : -16 points d’après CNN, -14 points d’après NBC, -12 points d’après ABC. La surprise de 2016 semble impossible à rééditer à moins de 3 semaines des élections. Si ces sondages disent vrais alors Trump prendrait une des plus grandes raclées de l’ère moderne. Il faut remonter à 1984 pour retrouver un tel écart (Reagan avait alors battu Mondale de 18 points). Avec un tel retard, Trump perdrait tous les états de la Rust Belt (Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin) acquis de justesse en 2016 mais aussi la Floride, la Caroline du Nord et l’Arizona. La campagne se déroulerait alors en Iowa, en Géorgie, en Ohio et au Texas où Trump tenterait d’y sauver l’honneur en tentant de conserver environ 150 grands électeurs. Pourtant, Joe Biden et Donald Trump ne semblent pas du tout croire en ces sondages-là. Donald Trump a mis fin à ses dépenses de campagne en Iowa et en Ohio qu’il considère comme acquis. Mike Pence est venu faire campagne dans 3 états cette semaine : l’Arizona, le Nevada et la Pennsylvanie. Du côté de Biden, les fonds alloués au Texas ont été réaffectés sur 2 Etats gagnés par Hillary en 2016 à savoir le Nevada et le Minnesota, où les républicains sont très offensifs. Les équipes de Biden ne font pas la même erreur que Clinton et se concentrent sur très peu d’états qui semblent réellement gagnables : Arizona, Pennsylvanie, Michigan et Wisconsin. Même la Floride est actuellement laissée de côté, pourtant pourvoyeur de 29 grands électeurs. Trump, guéri du COVID, compte reprendre les meetings à partir de lundi et se rendra en Floride et en Pennsylvanie avant sûrement des passages au Michigan, au Minnesota et dans le Wisconsin.

Si on retranscrit cela sur la carte du collège électoral, les 2 candidats ne se disputent plus que 122 grands électeurs répartis sur 9 états et 1 district : Trump a 102 délégués à défendre contre 20 pour Biden.

SAMEDI 10/10 : Le Débat du 15/10 est annulé, celui du 22/10 en danger

Le débat du 15 octobre est finalement annulé. Trump et Biden ne devraient se revoir qu’une seule fois sur scène, le 22 octobre prochain. Le comité organisant les débats avait proposé aux 2 candidats de participer à un débat virtuel mais celui-ci a été refusé par Trump qui ne considère pas le débat à distance comme un débat. Le comité est particulièrement critiqué par le camp républicain. L’ancien candidat républicain à la présidentielle de 1996, Bob Dole, a même jugé que cette commission n’était pas neutre. Il s’étonnait que le journaliste sélectionné pour animer le débat du 15 octobre soit l’ancienne biographe officielle d’Hillary Clinton. En outre, suite au premier débat houleux, le comité souhaitait mettre en place une nouvelle règle : la possibilité de couper le micro du candidat qui essaierait de couper la parole à son adversaire. Trump s’est agacé sur twitter ce samedi en dénonçant une cabale du système médiatique contre sa candidature.

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Reverra-t-on ces 2 joyeux lurons sur scène ?

DIMANCHE 11/10 : I have a dream !

Pas grand chose à se mettre sous la dent en cette fin de week-end dans l’actualité US. Trump a annoncé être totalement guéri, immunisé et vacciné contre le COVID mais Twitter a jugé ce tweet trop dangereux pour la santé des américains et l’a censuré dans la minute. Pendant ce temps-là, une jeune adolescente suédoise de 17 ans a appelé à voter pour le vieil oncle Joe dans le but de sauver l’humanité de sa perte imminente. On n’avait pas vu pareille ingérence d’une force étrangère dans une élection américaine depuis Poutine en 2016.

Poster « Greta Thunberg - How Dare You », par TCam | Redbubble

Enfin, Trump n’a finalement pas obtenu le prix Nobel de la Paix comme Martin Luther King avant lui, auréolé le 14 octobre 1964. A 23 jours de l’élection, j’ai, pour ma part, fait un rêve… Oui, j’ai eu ma première réelle intuition sur le dénouement de cette élection et je crois enfin savoir qui sera élu le 4 novembre au matin. Mais vous n’en saurez pas plus avant le 3 novembre. Je vous dévoilerai alors mon pronostic final pour cette élection présidentielle de 2020 dans un article. D’ici là, je peux encore vous faire croire que je maîtrise parfaitement mon sujet.

Madame Irma - Madame Irma est-il sur Netflix – FlixList
Jé vois oune grande confousion, oune grande bordel lé 3 au soir

LUNDI 12/10 : Les auditions de Barrett démarrent au sénat

Amy Coney Barrett Senate hearing begins: US election live news | US &  Canada | Al Jazeera
Attention à ne pas confondre le gel hydroalcoolique avec la bouteille d’eau

Ce lundi, le Sénat a entamé l’audition d’Amy Coney Barrett, choisie par Donald Trump le 26 septembre dernier pour succéder à Ruth Bader Ginsburg. Malgré les protestations démocrates et le foyer de covid du Sénat, il ne reste désormais que peu de leviers à l’opposition pour empêcher sa nomination avant le 3 novembre prochain. Barrett, catholique pratiquante et mère de 7 enfants dont 2 adoptés, a tout d’abord prononcé un discours d’ouverture devant les sénateurs où elle s’est efforcée de mettre en avant son travail de juge, les assurant qu’elle pouvait parfaitement faire la distinction entre son travail et ses convictions personnelles. Les journées de mardi et mercredi verront les sénateurs de tous bords interroger en long et en large la juge devant les caméras. La Sénatrice Kamala Harris devrait en profiter pour se mettre en avant au cours de cette phase. Plus que les compétences de Barrett, les débats devraient porter sur les risques d’une telle nomination : avec 6 juges conservateurs, le droit à l’avortement pourrait être restreint et surtout Obamacare pourrait être définitivement démantelé. Toutefois, il faudra que les démocrates soient prudents dans leur argumentation. En effet, les sénateurs républicains accusent déjà les démocrates d’hostilité envers la religion chrétienne. Les démocrates comptent également mener une bataille de procédure pour retarder le processus mais seul le covid-19 pourrait empêcher le processus d’arriver à son terme. 3 sénateurs républicains sont actuellement positifs et sont à l’isolement depuis 10 jours. Ils devront être rétablis pour le 29 octobre car les sénateurs sont tenus de venir physiquement à Washington pour voter. Le rapport de force est de 53 sénateurs républicains contre 47 démocrates. 2 sénatrices républicaines ont fait défection mais tous les autres soutiendront Barrett.

C’est tout pour cette semaine, la prochaine devrait commencer à donner une vraie tendance sur la mobilisation des démocrates et des républicains dans les Etats clés.

Bonne semaine à tous d’ici là !

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