Une semaine de campagne, épisode 5

Michigan Sets New Covid Case Record Just Hours Ahead Of Trump Rally

Plus que 2 semaines avant le D-Day folks ! Comme chaque mardi, je vous relate les événements marquants de la semaine écoulée pour vous permettre de ne rater aucun des soubresauts de ce duel mortel. Au programme cette semaine, le retour en campagne de Donald Trump et de Barack Obama, l’affaire des emails de Hunter Biden, la préparation du débat du 22 octobre et le début du vote anticipé. Semaine plutôt calme pour Trump qui n’a pas trop fait de vague au contraire de Biden qui doit donc se dépêtrer avec l’affaire de corruption qui touche son fils. Elle aurait pu en rester au stade de la péripétie si les réseaux sociaux et les médias n’avaient pas censuré la nouvelle, ce qui renforce l’impression que les candidats ne reçoivent pas le même traitement médiatique.

MARDI 13/10 : Donald Trump se sent puissant

Aucune description disponible.

Trump est de retour en campagne ! Guéri du coronavirus, le président Trump peut enfin faire ce qu’il préfère : des meetings aux 4 coins du pays. A 21 jours de l’élection, Donald Trump va sillonner à bord de son Air Force One, l’ensemble des Etats clés en jeu à un rythme effréné : Floride le lundi, Pennsylvanie le mardi, Iowa le mercredi, Caroline du Nord le jeudi, Géorgie et Floride encore le vendredi, Michigan et Wisconsin le samedi, Nevada le dimanche et l’Arizona le lundi 19/10. S’il a la même forme qu’en 2016, il devrait faire près de 3 meetings par jour la dernière semaine de campagne.

Du côté de Joe Biden, c’était un lundi télétravail. Toutefois, il en a profité pour tenir sa conférence de presse hebdomadaire et confirmé enfin qu’il était contre l’idée de rajouter des sièges à la Cour Suprême et qu’il estimait qu’il valait mieux lutter contre la nomination, désormais inéluctable, d’Amy Coney Barrett. Sage décision du vieil oncle Joe qui montre qu’il sait dire non à l’aile gauche de son parti. Joe Biden poursuit sa campagne sur le rythme du « moins j’en fais mieux je me porte » et mise donc sur une défaite de Trump causée par Trump. Les sondages lui donnent raison pour l’instant, les signes de terrain moins…

MERCREDI 14/10 : les E-mails d’Hunter biden, comme un air de 2016

Après les impôts de Donald Trump, voici la seconde surprise d’octobre cette fois-ci contre Joe Biden : les emails embarrassants de son fils Hunter Biden. Le New York Post a publié cette semaine les emails qui auraient été récupérés dans un ordinateur appartenant à Hunter Biden, le fils de l’ex vice-président. Il s’agit d’un nouvel épisode dans l’affaire ukrainienne qui avait embarrassé Joe Biden (et Donald Trump) en automne 2019. En effet, Donald Trump avait demandé à son homologue, le nouveau président ukrainien, de mener une enquête sur Joe Biden, l’accusant d’ingérence et de corruption. Un enregistrement avait fuité et cela avait entraîné la mise en accusation (impeachment) du président Trump. De quoi accuse-t-on Biden ? Entre 2014 et 2019, Hunter Biden fait partie du conseil de surveillance d’une société ukrainienne Burisma qui produit de l’énergie, poste pour lequel il n’a aucune compétence. Joe Biden a toujours nié avoir discuté avec son fils de ses activités à l’étranger. Pourtant, un courriel daté du 17 avril 2015 révèle qu’un membre de la direction du groupe remercie Hunter Biden d’une invitation à Washington lui « donnant l’occasion de rencontrer votre père et de passer du temps ensemble ». L’équipe de campagne de Biden a tout de suite démenti la rencontre mais pas l’authenticité du mail, en se référant à l’agenda de Biden de l’époque. Cependant, le cœur de l’affaire se passe 1 an plus tard. En mars 2016, le procureur général ukrainien est limogé par le gouvernement après des pressions internationales exercées par le vice président qui s’en est d’ailleurs vanté publiquement. Ce procureur ne faisait pas assez bien son travail contre la corruption. Pourtant, ce procureur général venait de lancer une enquête anti-corruption contre le board de Burisma à peu près au même moment. Pour Trump et ses acolytes, ce limogeage n’était qu’une façon de protéger le fils de Biden de ses activités potentiellement illégales.

Cette affaire aurait pu en rester au stade des suppositions. L’affaire étant complexe et n’impliquant pas directement Biden, elle est difficile à exploiter simplement dans la campagne. Toutefois, un événement a renforcé l’importance de cette affaire de façon inattendue. Facebook et Twitter ont limité le partage en ligne de l’article et ont même bloqué la page du New York Post, organe de presse américain de grande audience. L’un des dirigeants de Facebook, Andy Stone, a mis en doute la véracité des e-mails et annoncé que les informations du quotidien allaient faire l’objet d’une vérification. Twitter a bloqué le partage de l’article parce qu’il contenait des documents qui enfreignent deux de ses règles : ne pas publier de données personnelles (e-mails, numéros de téléphone) et ne pas publier d’éléments piratés. Pourtant, ces mêmes géants de la tech n’ont jamais bloqué aucune information ou fake news (car il y en a eu des tas) sur le président Trump au cours de ces 4 dernières années. Les accusations de censure et de partialité ont fusé sur le net et dans les médias. Le New York Post a carrément titré en représailles que Facebook faisait campagne pour Biden, en rappelant que le géant américain faisait la même erreur qu’en 2016, lorsque les emails de Clinton avaient fuité sur Wikileaks. La censure donne de la substance au discours de Trump « moi contre l’establishment » et c’est peut-être cela dont se souviendront les électeurs attachés à la liberté de penser et d’informer le 3 novembre.

JEUDI 15/10 : Débats séparés, médias biaisés ?

TV Ratings: Biden Wins Town Hall Duel With Trump - Variety

Ce jeudi, il devait y avoir un débat entre Trump et Biden. Toutefois, la commission des débats a proposé de changer les règles et d’organiser un débat à distance, l’équipe Trump a préféré se retirer, considérant ce format contraire au sens même du mot débat. Les 2 candidats se sont pourtant bien affrontés à distance et en simultanée sur 2 chaînes concurrentes en répondant aux questions des américains. D’un côté, Trump a fait face à une journaliste pugnace et énergique qui a plusieurs fois tenté de le mettre en difficulté sur le Coronavirus ou ses impôts. La performance de la journaliste a été saluée… ainsi que celle de Trump qui a été bien meilleur que lors du premier débat, en gardant son calme et en répondant plutôt sereinement aux différentes questions du public. Sur l’autre chaîne, le ton était beaucoup plus conciliant et… chiant. Pas un mot sur l’affaire Hunter Biden, pas de relance piquante du journaliste qui a laissé Sleepy Joe endormir son auditoire. Le débat était tout de même intéressant et Biden a également réalisé une bonne performance, mais il n’a pas été mis au pied du mur par le journaliste. Cette soirée a une nouvelle fois marqué la rupture entre les médias et les réseaux sociaux qui représentent les grandes métropoles des côtes est et ouest et les téléspectateurs du reste de l’Amérique, celle qui reste en marge de la mondialisation. En 2 jours, les médias ont redonné corps au discours antisystème du président sortant. Sur le plan des audiences, Joe Biden a… battu Trump de justesse : 13,9 millions de téléspectateurs contre 13 millions soit 51,7% vs 48,3% si on convertissait ces audiences en bulletins de vote. A peu près l’écart que j’imagine entre les 2 candidats le 3 novembre, mais… ça ne veut pas pour autant dire que je vois Biden l’emporter ! Réponse sur mon pronostic dans l’article final du 3 novembre !

VENDREDI 16/10 : Nomination à la cour suprême imminente

Art of the dodge: Amy Coney Barrett's 11 hours in the Senate hot seat -  CNNPolitics
Zero Point pour les sénateurs démocrates

Où en sommes-nous dans le processus de nomination d’Amy C. Barrett ? Après 2 journées de débat où la juge s’est extrêmement bien défendue, le Sénat décide d’accélérer et se réunira en plénière pour confirmer la juge le 23 octobre. En conséquence, Barrett va battre deux records la semaine prochaine : celui de la plus jeune juge choisie pour siéger à la Cour Suprême et celui du processus de nomination le plus court de l’histoire, 4 petites semaines auront suffi au président Trump pour nommer son 3ème juge en 4 ans.

Pendant ce temps-là, Trump rassure un peu les démocrates lors de son meeting de Géorgie, en envisageant pour la première fois sa défaite. Que fera-t-il le 20 janvier 2021 à 12h30 s’il n’est plus président ? « Je quitte le pays sur le champ et vous ne me reverrez jamais » plaisante le Président devant une foule en délire. A mon tour de vous poser la question, chers lecteurs, que vais-je bien pouvoir écrire sur ce blog si Trump cesse de twitter en 2021 ? 2025 me paraissait une échéance assez raisonnable pour me préparer mais 2021… c’est beaucoup trop soudain. Le jour d’après va être terrible pour moi…

The Beginning of the End for Trump

SAMEDI 17/10 : Obama entre en scène

Obama announces first wave of 2020 endorsements

A moins de 17 jours de l’élection présidentielle, Barack Obama, très discret jusque là, se décide à venir faire campagne pour Joe Biden. Il se rendra mercredi en Pennsylvanie puis en Floride un peu plus tard dans la semaine. Pourquoi ces 2 états en particulier ? Sûrement pour faire un teasing avant les 2 derniers articles de ma série des swing states. Plus sérieusement, l’équipe de campagne craint la démobilisation devant des sondages extrêmement favorables. En off, personne ne croît à une telle avance et Biden est bien conscient que tout se jouera dans 4 à 5 états à quelques points près. En outre, l’enthousiasme pour voter Biden est très faible et il n’y a qu’Obama chez les démocrates pour soulever encore les foules. Si la Floride semble de plus en plus pencher vers Trump dans les sondages, la Pennsylvanie est encore solidement dans le panier des états de Biden. Biden n’a besoin que de faire basculer cet état ainsi que ceux du Michigan et du Wisconsin pour devenir président des Etats-Unis. Il semble bien que ce soit la stratégie de fin de campagne de Joe Biden.

DIMANCHE 18/10 : premiers signes du vote par correspondance

Early voting NC: What in-person voting looks like in 2020 and how long  people will have to wait to cast their ballots in North Carolina - ABC11  Raleigh-Durham
Les Américains votent en avance cette année

Après 15 jours de vote par correspondance, un nombre stupéfiant d’Américains a déjà voté : environ 28 millions à travers tout le pays ce qui représente 21% de la participation totale en 2016. Pour l’instant, environ 56% des inscrits ayant voté sont des démocrates, 24% des républicains et 20% des indépendants. En considérant que les indépendants se partagent à égalité entre les 2 candidats, on peut estimer un rapport de force de 65/35 entre Biden et Trump, à peu près conforme aux sondages qui voyaient tout de même un écart un peu plus grand 70/30. Les républicains sont étonnamment très mobilisés en Ohio mais surtout au Wisconsin et au Michigan où les républicains ont renvoyé plus de bulletins que les démocrates. Très très mauvais signe pour Biden qui peut tout de même se consoler avec la mobilisation des démocrates en Géorgie et en Caroline du Nord. En Floride, les démocrates sont déjà 49% à avoir renvoyé leur bulletin contre 30% pour les républicains, écart qui se réduit cependant. Les votes anticipés en bureau de vote sont à présent ouverts dans plusieurs états dont la Floride. C’est une manière de voter qui sied plus aux électeurs de Trump. On s’attend donc à voir cet écart se resserrer dans les prochains jours. Enfin sur le plan judiciaire, la cour de première instance avait autorisé le comptage de tous les bulletins de vote arrivant 14 jours après le vote, ce qui annonçait de longues nuits d’attente. La Cour d’appel du Michigan a retoqué cette autorisation et finalement interdit que les bulletins soient comptabilisés s’ils arrivaient après le jour du scrutin. Les retardataires devront donc se rendre aux urnes en personne le jour J s’ils veulent bien que leur voix compte.

LUNDI 19/10 : Thèmes du débat du 22/10 et infos en vrac

La commission du débat se réunissait pour organiser le dernier débat entre les 2 candidats qui aura lieu le 22 octobre. La commission devrait, selon toute vraisemblance, donner la possibilité de couper les micros si un candidat coupe la parole à son adversaire. Cela ne plaît pas au camp républicain qui menace déjà de ne pas participer au débat. Par ailleurs, la journaliste choisie pour modérer le débat est une ancienne proche des Obama. Donald va être colère tout orange ! Le débat se tiendra à l’Université Belmont de Nashville dans le Tennessee. La modératrice a choisi d’aborder thèmes de débat suivants :

  • Combattre le covid 19
  • Les familles américaines
  • La question raciale en Amérique
  • Le changement climatique
  • La sécurité nationale
  • Le leadership

Là encore, ne pas parler de politique internationale agace particulièrement le camp Trump qui souhaitait capitaliser sur ce thème.

Aucune description disponible.
Les chiffres de positivité au Covid augmentent

Le chiffre du jour concerne le déficit budgétaire des Etats-Unis qui a grimpé à un niveau historique en 2020 à cause de la pandémie. Il atteint 3132 milliards de dollars contre 984 milliards l’an passé, un record. Sur le front de l’épidémie de covid, les cas augmentent à nouveau dans une vingtaine d’Etats et il se pourrait que le Covid se réinvite une dernière fois dans la campagne si le nombre de morts augmente dans les 15 derniers jours de campagne. Conséquence directe de cette augmentation des cas, plusieurs états comptent interdire la traditionnelle collecte de bonbons de maison en maison pour Halloween, fête extrêmement populaire outre Atlantique. En Californie, tout récalcitrant recevra même une amende. Trump avait promis un vaccin pour le 3 novembre et nous savons désormais que cette promesse ne pourra pas être tenue. Cependant, Pfizer et Moderna prévoient de demander l’autorisation de leurs vaccins d’ici fin novembre ce qui marquerait un record de vitesse pour le développement d’un vaccin… Qui est volontaire pour le tester ?

Voilà c’est tout pour cette semaine somme toute assez calme avant la tempête des 2 dernières semaines de campagne… Bonne semaine à tous !

Un commentaire

Laisser un commentaire