Dernier opus sur le bilan des 21 mois de présidence de Joe Biden. Dans cet article, nous reviendrons sur les principaux événements survenus entre les mois d’avril et novembre 2022. Au cours de cette période, Joe Biden doit repartir en campagne pour défendre son bilan avant les MidTerms. Tandis que la guerre en Ukraine aggrave l’inflation et le sentiment d’insécurité sociale, Biden doit également répondre à la montée de l’insécurité et des crimes au sein du pays. Le rôle de la police, la place des armes à feu et les sujets identitaires ressurgissent dans le débat public et révèlent les divisions profondes entre 2 Amériques aux valeurs parfois opposées. Les fondements de la constitution sont aussi une source de division quand la Cour Suprême revient sur l’arrêt Roe vs Wade qui faisait du droit à l’avortement un droit constitutionnel. Les américains se déchirent encore quant à la définition de l’intégrité d’une élection et sur la manière par laquelle les votes seront comptabilisés. Au début de son mandat, Biden avait promis de réconcilier une Amérique meurtrie par 4 ans de Trumpisme. 21 mois plus tard, peut-on dire que l’écart entre les 2 Amériques qui se feront face le 8 novembre prochain s’est accentué ?

Economie : L’inflation persiste et l’amérique s’inquiète

La dernière période du mandat de Joe Biden ne change pas de la précédente. Le chômage est désormais stabilisé à un niveau bas et l’inflation se maintient à des taux élevés. D’après le Wall Street Journal de juillet 2022, les finances des ménages sont solides grâce à l’argent économisé durant la pandémie et le marché du travail est bon même s’il existe d’importantes pénuries de main d’œuvre dans des secteurs comme la restauration. Les ménages ont accumulé 5 milliards de dollars de plus sur le premier trimestre de 2022 dans leurs comptes d’épargne ou de dépôt par rapport au trimestre 2019 précédant le début de la pandémie. C’est en réduisant le déficit que Biden compte atténuer les pressions inflationnistes de l’économie américaine. Le déficit devrait, d’ailleurs, diminuer de 1 000 milliards de dollars en 2022. Ce discours est, néanmoins, inaudible auprès des consommateurs américains qui souhaitent des résultats immédiats et la confiance de l’opinion publique dans la politique économique de Biden est entamée sévèrement.
Du point de vue des mesures concrètes, Biden fait promulguer le 9 août 2022 le CHIPS and Science Act avec le soutien des élus républicains. Il s’agit d’un plan de réindustrialisation dans le secteur du semi-conducteur. L’objectif est de renforcer les capacités de fabrication et d’investir 200 milliards de dollars dans l’intelligence artificielle, la robotique et une variété d’autres nouvelles technologies. 52 milliards de dollars de crédits d’impôt supplémentaires sont accordés aux entreprises de ce secteur pour répondre à la pénurie de puces électroniques survenue lors de la pandémie. En fabriquant américain, Biden espère que l’impact sur les dépenses pour les familles américaines diminuera.
En plus de ce projet de relocalisation industriel, l’Inflation Reduction Act est adopté par le parlement le 16 août. Dans les grandes lignes, la loi prévoit de :
- Réduire considérablement les émissions de carbone et d’accorder des crédits d’impôts en cas d’investissement dans les énergies renouvelables
- Améliorer la couverture de l’assurance maladie et réduire les coûts des soins de santé
- Améliorer le système de collecte de l’impôt pour récolter 200 milliards de dollars supplémentaires
- Augmenter l’impôt sur les sociétés en appliquant une taxe de 1% sur les rachats d’actions
Cette loi pourrait réduire le déficit budgétaire de 100 à 300 milliards de dollars supplémentaires sur la décennie à venir. Cependant, les experts indiquent que cette loi risque d’avoir peu d’impact sur l’inflation à court terme, les subventions sociales annulant presque les effets de la réduction du déficit. En conséquence, les démocrates agissent mais ils ne pourront jamais agir assez vite pour contenter les électeurs. Tant que l’inflation se maintient à de tels niveaux, le gouvernement ne parvient pas à convaincre de l’efficacité de ses mesures. Comme souvent lors des élections aux Etats-Unis, l’économie et le pouvoir d’achat sont les thématiques qui concernent le plus les électeurs et les démocrates risquent d’être sanctionnés sur ces thèmes le 8 novembre.

Insécurité : les démocrates tiraillés entre 2 lignes idéologiques
En 2020, l’élection de Joe Biden est intervenue à un moment où la criminalité a explosé. Les premières raisons de cette explosion de l’insécurité ont été l’épidémie de coronavirus et le confinement qui ont provoqué de nombreux pillages de magasins et de véritables moments de panique. La seconde raison a été l’affaire George Floyd qui a entraîné un mouvement de révolte contre la police jugée acteur principal du racisme dit systémique. Le mouvement Black Lives Matter a recueilli beaucoup de soutiens dans de nombreux Etats démocrates et a influencé une campagne anti-police de « définancement » voire de démantèlement des polices locales dans toutes les grandes villes américaines. De ce fait, le crime a pu prospérer comme jamais. En 2021, l’insécurité a continué de progresser et Joe Biden, pourtant adepte d’une ligne assez pro police au sein du parti démocrate, n’a pas su prendre la mesure de la crise que traverse la police. Depuis l’arrivée aux affaires de Biden, toutes les villes tenues par des démocrates ont réduit les effectifs de police et surtout les budgets alloués à la sécurité de leurs municipalités. Face à cette perte de soutien du gouvernement fédéral et des exécutifs locaux, la police a connu une hausse massive des départs à la retraite (+45%) et des démissions (+20%). Le résultat de cette politique est catastrophique et, en 2022, des municipalités ont commencé à faire machine arrière pour éviter le bouillon électoral. Les démocrates sont pointés du doigt à tous les niveaux de pouvoir et les républicains en profitent pour mener une campagne de communication agressive sur ce thème, quitte à en rajouter.

Joe Biden tente de reprendre la main au cours de l’été 2022. Il réaffirme qu’il n’est pas d’accord avec la réduction des moyens de la police mais au contraire pour les augmenter drastiquement. Il rappelle également que son administration a fait voter des budgets qui donnent plus de moyens aux policiers fédéraux. Le contrôle des armes à feu est l’autre cheval de bataille sécuritaire de Joe Biden qui souhaite traquer plus efficacement les vendeurs d’armes sans licence et les armes à feu non référencées sur le marché américain. Plusieurs milliers d’armes à feu ont ainsi été confisquées en 2021 et parmi les propriétaires de ces armes, 10% avaient moins de 18 ans. Toutefois, l’administration Biden continue à rester sans réponse sur le problème de la délinquance du quotidien (règlements de compte, violence dans les transports, vols organisés, gangs) car ils ont tendance à mettre presque toujours en avant la communauté afro-américaine, cœur de l’électorat démocrate. Pour répondre sérieusement à ce problème, deux lignes s’affrontent au sein du parti : celle de l’aile gauche qui juge le racisme systémique à l’encontre de la communauté noire responsable, de la plus grande violence (quasi-légitime à leurs yeux) de cette population et celle de l’aile centriste qui pense que le racisme n’explique pas tout et qu’il faudrait être plus ferme et défendre plus le travail de la police. Biden embrasse la ligne centriste du parti mais dans les faits, c’est l’aile gauche qui influence les décisions sur le terrain. Conséquence, les électeurs préoccupés d’abord par ce thème voteraient à 49% pour un candidat républicain contre 32% pour un candidat démocrate.

Démocratie et élections : la défiance règne dans les 2 camps
Parmi les thématiques qui préoccupent les américains à la veille des élections de mi-mandat, émerge en deuxième position (70%) le futur de la démocratie dans le pays. Deux types d’inquiétudes se distinguent. D’un côté, les électeurs du parti républicain s’émeuvent des procédures de vote multiples existant dans chaque état et, plus particulièrement, de la transparence autour du vote par correspondance. De l’autre, les électeurs démocrates craignent que les candidats républicains vaincus ne reconnaissent pas leur défaite et provoquent des « mini-invasions » du Capitole partout dans le pays.

En réalité, la direction prise par Donald Trump de ne pas reconnaître sa défaite et de crier à la fraude m’apparaît bien entendu dangereuse pour la démocratie américaine mais aussi contre productive car diabolisante auprès des électeurs modérés. Elle alimente le climat pré-insurrectionnel qui parcourt le pays et à l’insécurité physique ne doit pas s’ajouter une insécurité « constitutionnelle ». Cependant, les démocrates ne font rien pour mettre fin à ces inquiétudes et, vont selon moi eux aussi dans une direction mortifère. Les juristes démocrates de plusieurs Etats se sont servis du prétexte du Covid en 2020 pour mettre en place des règles de vote très discutables. Premier point discutable, le vote en avance ou Early vote, est ouvert, dans certains Etats, plus d’un mois avant la fin de la campagne électorale, dans le but, à la base louable, d’améliorer le taux de participation. Ainsi, plus de 35 millions d’électeurs se sont déjà rendus aux urnes plus d’une semaine avant la fin de la campagne. Ont-ils voté avec toutes les cartes en main ? Ne vont-ils pas regretter leur choix si, une semaine plus tard, un événement de campagne tardif surgit et change leur perception sur le programme d’un candidat ? Deuxième point discutable, le système de vote par correspondance est régi par des règles très très souples voire problématiques. Déjà, l’anonymisation des votes par correspondance n’est pas assurée à 100%. Ensuite, il est possible de réceptionner et de comptabiliser des bulletins jusque plusieurs jours après le vote. Enfin, il est même juridiquement possible dans certains endroits comme la Géorgie, de venir toquer à la porte de quelqu’un qui aurait mal rempli son bulletin, de lui faire corriger ce qui a été mal écrit sur le bulletin et de transformer 6, 7, 8, 9 jours après un bulletin nul en bulletin démocrate ou républicain. Lorsque des questions légitimes de transparence sont posées, les démocrates n’ont que les mots de complotisme et fascisme à la bouche. Pourtant, l’Amérique n’est-elle pas la risée des pays démocratiques en étant incapable de désigner un vainqueur en moins de 24h ? Qui peut se satisfaire d’un tel système ? Malheureusement, un encadrement des règles au niveau fédéral semble totalement utopique et chaque Etat inventant son système de vote, nous devrions assister à des moments clownesques comme en 2020. De multiples candidats républicains seront vainqueur le soir de l’élection et vaincus une semaine plus tard. Certains candidats républicains refuseront la défaite et alimenteront les délires complotistes quand les candidats démocrates se pareront de vertu en se cachant derrière des processus de vote débiles. Ne vous inquiétez pas tout va bien se passer !
Cour Suprême : les conservateurs se tirent une balle dans le pied
Le 25 juin 2022, la Cour Suprême s’invite de manière fracassante dans la campagne des MidTerms en annulant, par 5 voix contre 4, l’arrêt Roe vs Wade rendu en 1973 sur la question de la constitutionnalité des lois qui criminalisent ou restreignent l’accès à l’avortement. Lorsque cet arrêt fut rendu par 7 voix contre 2, celui-ci avait été une véritable onde de choc dans une Amérique alors encore très majoritairement conservatrice. Dans le détail, cet arrêt avait ouvert la voie à la légalisation de l’avortement dans tous les Etats car il considérait que le droit d’une femme à l’avortement relevait du droit à la vie privée protégé par le 4ème amendement, ce qui autorisait donc l’avortement au niveau fédéral au titre du respect de la constitution. Toutefois, la législation différait déjà selon les Etats, certains étant plus restrictifs que d’autres en fonction du poids des électeurs conservateurs. Au cours des 50 années ayant suivi cet arrêt, les différents candidats et présidents républicains ont promis sans discontinuer de nommer des juges à la Cour Suprême pour revenir sur cette décision. Reagan et Bush père avaient déjà eu l’occasion de revenir sur l’arrêt en nommant suffisamment de juges conservateurs mais ceux-ci n’avaient finalement pas voté comme les conservateurs l’espéraient. Bush fils a eu une nouvelle occasion mais l’un des juges qu’il nomma (toujours en poste), le juge Roberts, refusa lui aussi d’appuyer l’annulation. Ce n’est que grâce à Trump et la nomination de 3 juges républicains totalement conservateurs que l’annulation est rendue possible et effective en cette fin juin 2022. Les juges favorables à la révocation de l’arrêt Roe ont estimé que ce texte autorisant l’interruption volontaire de grossesse au niveau fédéral était une décision erronée, car la Constitution des États-Unis (écrite au XVIIIème siècle) ne fait aucune mention spécifique du droit à l’avortement.

Chaque Etat est donc désormais libre de sanctuariser, d’autoriser, de restreindre ou d’interdire l’avortement (les juges de la Cour Suprême ont refusé d’inscrire le bannissement de l’avortement dans la constitution). A ce jour, seul l’Alabama a banni totalement l’avortement (même dans le cas où la santé de la mère est en danger), 11 autres le bannissent de fait via les trigger laws, des lois qui avaient été votées précédemment mais ne pouvaient être exécutoire qu’une fois la décision fédérale renversée. Dans ces 11 Etats, l’avortement n’est désormais autorisé qu’en cas de danger pour la santé de la mère. 8 Etats supplémentaires envisagent de bannir l’avortement et 5 ont une politique pour l’instant peu claire. Au total, plus de la moitié des Etats pourraient interdire totalement l’avortement. Lors de l’élection de mardi prochain, 5 Etats vont demander aux électeurs de se prononcer sur la question : le Kentucky et le Montana pour le restreindre totalement, le Vermont, la Californie et le Michigan pour l’inscrire comme droit inaliénable. En août, un référendum au Kansas, Etat très conservateur, a donné un résultat surprenant, l’interdiction de l’avortement a été rejeté par 59% des électeurs.

En réalité, le timing de ce revirement sur l’avortement est très mauvais pour les Républicains. En effet, lorsqu’on interroge l’ensemble des électeurs 50% souhaitent que l’avortement soit légal en toute circonstance, 35% légal avec des restrictions et 13% illégal en toute circonstance, 55% des américains se déclarant pro choix contre 39% pro vie. Sur ce dernier point, on observe une chute de près de 8 points du soutien des pro vie par rapport à 2021. Les électeurs démocrates et indépendants sont fermement opposés à son interdiction tandis que les républicains sont à peine plus de 50% à vouloir l’interdire. C’est un sujet qui divise surtout l’électorat conservateur et peut faire fuir l’électorat centriste. Sous le choc de l’annonce, les démocrates ont, pendant quelques temps, repris l’ascendant dans les sondages grâce à cette seule question. Toutefois, l’inflation et l’insécurité sont 2 des 3 principaux thèmes qui préoccupent les américains et ils ne sont pas favorables aux démocrates. Ceux-ci ont fait l’erreur de mener une campagne axée sur le droit à l’avortement, sur le futur de la démocratie et sur l’écologie qui ne sont pas des sujets prioritaires pour l’électeur américain en 2022. Pour 2024, si l’avortement est banni dans plus de 20 Etats, il pourrait se matérialiser comme un véritable sujet d’inquiétude et handicaper fortement les républicains.
International : L’aide apportée à l’Ukraine s’intensifie et porte ses fruits

A l’international, entre avril et novembre c’est le conflit russo-ukrainien qui préoccupe le président Biden. Poutine et la Russie ayant échoué à prendre Kiev en quelques semaines, la guerre supposée éclair se transforme en conflit long à l’issue incertaine. Dans ce contexte, le Pentagone pèse de tout son poids économique mais aussi militaire pour aider l’Ukraine à vaincre et à récupérer son territoire. En mai 2022, Biden signe l’Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act, décret qui débloque une aide en matériel militaire et médical pour un montant total de 40 milliards $. Le 1er août, le Pentagone envoie 550 millions $ supplémentaires aux ukrainiens en les fournissant en lance-roquettes HIMARS. A partir de septembre, le rapport de force commence à s’inverser en faveur de l’Ukraine qui regagne du terrain. En parallèle, les sanctions financières contre la Russie sont renforcées fin juin lors du G7 avec la décision de mettre fin à l’importation d’or russe. L’attaque russe a entraîné, par réaction, l’alignement de pays restés jusque là neutres sur la ligne occidentale. La Suède et la Finlande demandent officiellement leur adhésion à l’OTAN le 19 mai lors d’une visite commune à la Maison Blanche. Leur adhésion est formellement ratifiée par Joe Biden le 9 août 2022.
L’augmentation des prix du pétrole et du gaz étant la préoccupation principale des électeurs américains, Joe Biden entame un bras de fer avec les membres de l’OPEP à partir du mois de juin. Lors d’une visite officielle en juillet 2022 en Arabie Saoudite, le président américain tente un nouveau rapprochement et conjure le roi d’augmenter la production pour faire baisser les prix. C’est le contraire qui se produit lorsque, début octobre, l’OPEP prend la décision de baisser drastiquement ses quotas de production de pétrole. Furieux, Joe Biden demande au congrès de réfléchir à une réévaluation immédiate des relations entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite.

Enfin, avec la promulgation du CHIPS Act en août 2022, les Etats-Unis décident de s’attaquer directement au cœur de l’économie de la Chine en boostant sa capacité de production de semi-conducteurs sur le sol américain. Mi-octobre, le gouvernement de Joe Biden annonce de nouvelles mesures visant à limiter drastiquement l’approvisionnement de semi-conducteurs à des entreprises chinoises. L’objectif est clair : faire reculer les entreprises chinoises de plusieurs années. Néanmoins, pour s’assurer de la pérennité de la mesure, les Etats-Unis vont devoir discuter avec leurs partenaires internationaux pour mettre en place une action coordonnée.
En conclusion, si les affaires étrangères restent une thématique secondaire de la campagne américaine des MidTerms, il n’en demeure pas moins que l’électorat préoccupé par ce sujet fait finalement plus confiance au parti Républicain de Trump qu’à l’administration Biden pour défendre le leadership international des Etats-Unis d’après les sondages. Biden apparaît moins charismatique et ferme que son prédécesseur et l’âge avancé du capitaine n’aide pas les démocrates à battre en brèche cette idée reçue.
Immigration : Fin du pragmatisme, retour de l’angélisme irresponsable

En 2022, Joe Biden profite de la fin de la pandémie pour faire un nouveau revirement dans sa politique migratoire et faire plaisir à l’aile gauche du parti démocrate. Il signe un décret rehaussant le plafond de réfugiés admissibles à 125 000 par an comme il l’avait promis pendant la campagne. L’élection de Biden a créé un appel d’air gigantesque d’immigration et entre octobre 2021 et juillet 2022, plus de 500 000 immigrés illégaux sont arrêtés aux frontières. On estime que plus de 200 000 immigrés sont malgré tout parvenus à s’échapper et à franchir la frontière. L’administration Biden refuse de parler de crise migratoire. Pourtant, l’immigration reste un sujet d’inquiétude pour 54% des électeurs américains et la politique d’ouverture de Biden est clairement vue comme un danger. En effet, depuis la crise de 2008 et le passage de la tornade Trump, les américains ne sont plus favorables à une immigration légale de masse et sont fermement opposés à l’immigration illégale. Cette dernière a un impact sur les salaires qui sont tirés par le bas et, dans une période inflationniste, une politique migratoire généreuse ne passe plus auprès des communautés hispanique ou blanche. En outre, le discours identitaire a infusé au sein du parti républicain et certains candidats n’hésitent plus à parler de Grand Remplacement de la communauté blanche par les communautés latino et afro-américaine. Pour avoir une chance de se faire élire, certains candidats démocrates des Etats du Sud doivent, à présent, embrasser un discours protectionniste et pro mur. Comme pour l’insécurité, le président Biden est dans une position délicate. Officiellement, il promeut toujours l’humanisme et l’ouverture pour ne pas faire exploser les démocrates les plus progressistes, mais son aile droite lui demande de proposer des solutions moins angéliques et d’encourager les immigrés illégaux à retourner d’où ils viennent. Face à cette vague migratoire sans précédent, l’administration Biden cherche à noyer le poisson et heureusement pour elle, le thème est plutôt passé au second plan pendant la campagne des MidTerms. Ce sujet pourrait tout de même être le point de bascule de certaines élections cruciales en Arizona, au Nevada ou au Texas et il est peu probable que cela profite aux démocrates.
Coronavirus : Retour à la vie d’avant

A partir d’avril 2022, les cas de covid-19 diminuent sensiblement ainsi que le taux de mortalité du fait de la faible létalité du variant Omicron. Dès le 18 avril, un juge fédéral met fin aux obligations de port du masque dans les transports et le 26 avril, le Dr Fauci considère que le pays est officiellement sorti de la phase de pandémie pour entrer dans l’ère endémique où la population va pouvoir vivre avec le virus. Le 12 juin, les Etats-Unis abandonnent le test obligatoire pour les voyageurs internationaux mais le vaccin reste un prérequis pour entrer sur le sol américain. Excepté cette contrainte, on peut parler d’un retour à la vie normale au sein du pays. Le 18 septembre, Joe Biden s’adresse à la Nation pour annoncer la nouvelle attendue depuis 2 ans et demi : l’épidémie est terminée aux Etats-Unis. Toutefois, la maladie continue d’ôter la vie à environ 400 personnes par jour dans le pays. Le coronavirus n’est, de ce fait, plus un sujet d’inquiétude pour les américains. Seuls 23% des électeurs ont encore une crainte d’une résurgence de la pandémie à quelques jours de l’élection.
Image du président et bilan : Biden un président vieux, usé et fâtigué ?

En conclusion de cette série de 3 articles sur le bilan de Joe Biden, nous pouvons dire que Joe Biden est un président aussi impopulaire que Barack Obama et Donald Trump après 2 ans de pouvoir. L’objectif de réconciliation des américains, sûrement utopique, est un échec et l’inflation handicape le président démocrate sur le thème de l’économie, préoccupation principale des électeurs. Les démocrates étant jugés moins efficaces que les républicains sur 2 des 3 thématiques principales de la campagne, le résultat des élections mi-mandat s’annonce compliqué pour le président. Par ailleurs, Joe Biden inquiète de plus en plus sur son état de santé : bourdes à répétition, chute à vélo, deux infections au covid-19 et gros trous de mémoire, les américains commencent à sérieusement se demander s’il est bien l’homme de la situation pour gérer ce pays. Seule éclaircie dans le paysage, l’alternance républicaine est incarnée par Donald Trump qui divise l’Amérique autant que lui. Rdv mardi pour mon pronostic sur cette élection des MidTerms !
