Primaires républicaines 2024 : Un triomphe trumpiste ?

A moins de 3 semaines des primaires républicaines qui débuteront par le caucus de l’Iowa, il ne reste plus que 6 candidats en course face à l’ex-président Donald Trump. Tandis que les grands donateurs républicains font tout leur possible pour réduire le nombre de challengers du milliardaire, plus personne n’envisage sérieusement une autre issue qu’un triomphe de Trump, à moins d’un coup de théâtre judiciaire IMPROBABLE. Avant de se donner RDV en 2024 pour la désignation la moins palpitante de l’histoire, profitons de votre digestion post repas de Noël pour faire un point d’étape sur cette campagne.

L’ogre Trump et les 6 petits poucets

L’ogre Trump sera-t-il généreux en fessées électorales pour ses adversaires en 2024 ?

Depuis le 23 août, date du dernier article du blog sur la campagne des primaires républicaines, les choses ne se sont pas arrangées pour les concurrents de l’ancien président américain. Malgré le boycott des quatre débats organisés dans le cadre des primaires par Trump, une nouvelle inculpation en Géorgie et le début du procès contre son empire immobilier, aucun candidat n’est parvenu à menacer son hégémonie dans les sondages. Pire, Donald Trump a accentué l’écart avec ses poursuivants : avec plus de 63% d’intentions de vote, il relègue Ron DeSantis à plus de 50 points. Avec une telle avance, Trump est déjà tourné vers son duel avec Joe Biden et peut se permettre de délaisser totalement la campagne des primaires.

Trump a accentué son avance de plus de 10 points en 4 mois. Dans le bas du tableau, seule Nikki Haley est parvenue à émerger en passant de 4,4 à 10,6% d’intentions de vote

Vous pouvez reprendre votre sieste, l’article sur les primaires républicaines s’arrête donc là… Eh non attendez, il y a un match palpitant pour la seconde place et des rebondissements, restez encore un peu !

Au cours de ces quatre mois de campagne, trois candidats ont quitté la course dans l’indifférence presque totale. C’est l’ancien vice-président Mike Pence qui a mis fin à sa campagne en premier le 28 octobre dernier, faute d’argent et surtout de véritable soutien parmi les militants républicains. En effet, depuis sa validation de l’élection de Joe Biden au Sénat contre l’avis de son président le 6 janvier 2021, Pence s’est condamné à ne plus jamais être populaire dans son camp. Good bye Mike, ce n’est pas faute d’avoir prévenu que ta campagne tournerait au fiasco. Le mois suivant, Tim Scott, seul candidat noir, et Doug Burgum, le gouverneur du Dakota du Nord ont également arrêté leur campagne en raison de leurs intentions de vote catastrophiques.

Deux abandons de poids : Mike Pence ancien VP de Trump et Tim Scott, ancienne étoile montante du parti, qui se rêve peut-être en futur VP de Trump

Il ne reste donc que six « petits » candidats face à l’ogre Trump : Ron DeSantis, Nikki Haley, Vivek Ramaswamy, Chris Christie, Asa Hutchinson et Ryan Binkley. Si les deux derniers cités représentent moins de 1% des intentions de vote et ne méritent pas de commentaires de ma part, les quatre autres candidats se sont affrontés lors des quatre débats des primaires et ont tenté, avec des fortunes diverses, de se distinguer auprès des électeurs et surtout des donateurs républicains.

Les candidats kamikazes Christie et Ramaswamy
Duel de tribuns entre Christie l’anti-Trump primaire et Ramaswamy l’anti-establishment complotiste

Deux candidats ont pris tous les risques pour se faire remarquer dans cette campagne électorale, en vain. D’un côté, Chris Christie, ancien allié de Donald Trump et très impopulaire auprès de la base électorale républicaine, a mené une campagne vendetta 100% anti-Trump et donc 100% suicidaire dans le seul but de faire tomber l’ancien président. Toutefois, en raison de l’absence de Trump aux débats, Christie n’a pu que se muer en Cassandre en obésité morbide, annonçant des lendemains sombres aux républicains s’ils choisissaient à nouveau Trump en 2024. A part dans le New Hampshire, Etat où les républicains sont plus centristes, Christie devrait se faire ratatiner dans les urnes par Trump.

De l’autre côté, Vivek Ramaswamy, entrepreneur de la tech, s’est présenté comme le plus trumpiste des candidats en lice. Loyal à l’ancien président en toute circonstance, Ramaswamy est, un temps, apparu comme le troisième homme de la campagne lorsque l’on pouvait encore émettre des doutes sur la capacité de Trump à être toujours candidat en janvier. Ce doute dissipé, la candidature de Ramaswamy n’a plus vraiment eu de sens et les électeurs trumpistes sont rentrés au bercail petit à petit. En outre, la surenchère complotiste de Ramaswamy durant les différents débats ne l’a pas aidé à passer pour un candidat sérieux. Tous ses meetings prévus après l’élection du New Hampshire, deuxième Etat à voter, sont déjà annulés, signe que la fin de sa campagne est proche.

DeSantis ou Haley, il ne pourra en rester qu’un
Haley et DeSantis, seules alternatives sérieuses à Trump

Il n’y a finalement que deux challengers sérieux à Trump cette année : Ron DeSantis et Nikki Haley. Ron DeSantis devait être l’adversaire principal de Donald Trump, celui qui parviendrait à le déborder par sa droite. Cependant, rien ne s’est passé comme prévu pour DeSantis : annonce de candidature trop tardive et ratée, entourage de campagne défaillant, thèmes de campagnes mauvais et prises de position trop extrêmes, le gouverneur de Floride a vu sa belle étoile s’éteindre progressivement au cours de l’année. A un peu plus de 15 jours du premier rendez-vous électoral, DeSantis est à peine au-dessus de 10% des intentions de vote et voit ses grands donateurs l’abandonner les uns après les autres. Tout se jouera pour lui dans l’Iowa où Nikki Haley le talonne. Un mauvais score ou une troisième place signera très certainement la fin de sa campagne.

Nikki Haley, parlons en ! En août dernier, elle était, jusqu’alors, hors des radars des médias qui lui préféraient DeSantis, Christie, Ramaswamy ou Pence. Pourtant, de part son expérience et son sérieux sur les sujets régaliens, Nikki Haley a brillé lors des trois premiers débats organisés par le parti républicain. En l’espace de 4 mois, ses intentions de vote sont passées de 4% à près de 11%, à un point de DeSantis ! Rien d’époustouflant certes, mais c’est bien la seule candidate en dynamique avec Trump. Son éclosion est aussi liée à sa stratégie. Ni anti ni pro Trump, Haley essaie d’adopter une position centrale au sein du parti ce qui lui permet d’attirer tous les électeurs modérés anti-Trump ainsi que quelques trumpistes lassés par le milliardaire. De là à renverser la table ? Pas sans un coup de pouce du destin.

Haley/DeSantis peuvent-ils encore créer la surprise ?

Haley et DeSantis essayant de trouver une voie vers la nomination en terre trumpienne : mission impossible ?

Quand on se penche sur les sondages nationaux, la réponse est clairement et simplement non. Non, Trump ne peut pas perdre ni contre DeSantis, ni contre Haley. Si tous les candidats venaient à se retirer derrière l’un de ses deux challengers, ceux-ci ne parviendraient même pas à réunir 30% des intentions de vote. Néanmoins, les primaires sont une succession d’élections qui se dérouleront cette année entre le 15 janvier et le 4 juin, avec le Super Tuesday en point d’orgue le 5 mars (mardi où 16 Etats organisent simultanément leur primaire). J’aurai l’occasion de vous expliquer le déroulement de ces primaires dans un article dédié qui sortira prochainement. L’histoire des primaires nous montre qu’il suffirait à DeSantis ou à Haley de remporter un des deux premiers Etats en jeu pour enclencher une dynamique et, peut-être, renverser la tendance actuelle. Ce scénario est-il envisageable cette année ?

A J-15, Trump a plus de 30 points d’avance sur DeSantis et Haley

Malheureusement pour Ron « DeSanctimonius » et Nikki « Birdbrain » Haley (les surnoms attribués à ses adversaires par Donald Trump), aucun des deux ne devrait être en mesure de battre ou même talonner Trump dans l’Iowa.

Dans le New Hampshire, Nikki Haley progresse dans les sondages et se rapproche de la marge d’erreur avec l’ancien président. La surprise n’est pas totalement impossible mais la victoire de Trump reste le scénario le plus probable.

Le New Hampshire, seule petite lueur d’espoir pour les fans d’élections à suspense

Si Trump l’emporte dans ces 2 Etats, la primaire sera jouée. Trump est, en effet, encore plus en avance dans les trois autres Etats qui voteront entre le 8 février et le 2 mars prochain. Comme je suis là pour entretenir au mieux ce suspense inexistant, vous aurez la possibilité de suivre l’évolution des intentions de vote pour ces différentes élections sur la page dédiée aux sondages des primaires républicaines.

Aucune chance : Las Vegas est le royaume du Don
Pas la peine d’espérer là non plus, les challengers de Trump sont FINITO
FINITO, c’est clair ?

La Cour Suprême, unique danger pour trump

Les juges de la Cour Suprême : seules personnes capables de mettre fin à la carrière politique de Trump

Ces derniers jours, vous avez certainement entendu parler de deux Etats, le Colorado et le Maine, qui ont « exclu » Trump des primaires républicaines. Une cour de justice locale du Colorado s’est appuyée sur la section 3 de l’amendement 14 de la Constitution américaine pour juger Trump inapte à la fonction de Président car il aurait participé à une insurrection lors de l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021. 10 jours plus tard, la secrétaire d’Etat du Maine, encartée démocrate, a unilatéralement pris la même décision. Alors, Trump peut-il perdre les élections en étant exclu des scrutins ? En réalité, c’est hautement improbable.

Trump et le parti républicain ont immédiatement fait appel ce qui suspend automatiquement les décisions. Trump n’est donc exclu d’aucun scrutin. Si les Cours d’appel locales venaient à confirmer ce premier jugement, Trump pourra alors faire appel auprès de la Cour Suprême fédérale composée de 9 juges dont 6 conservateurs. C’est elle et elle seule qui peut mettre fin à la carrière politique de Trump en indiquant si cet amendement s’applique à Trump ou pas et qui a autorité pour l’appliquer.

La Cour Suprême se prononcera-t-elle rapidement ? On peut en douter. Quelle décision pourrait-elle prendre ? La majorité des juristes penche pour une décision en faveur de Trump car celui-ci n’a pas encore été condamné pour insurrection dans un procès. Justement, ce procès devrait démarrer le 4 mars à Washington. Gardons notre calme, les rebondissements judiciaires n’interviendront pas avant le début des primaires et ne gêneront aucunement Trump, bien au contraire. Ces décisions lui sont bénéfiques électoralement et le victimisent.

Cet article s’achève ici. Je vous souhaite un très bon réveillon et vous donne rendez-vous en 2024 pour le début des primaires républicaines. A très bientôt !

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