
Faites vos jeux ! Ce jeudi 8 février, les primaires républicaines font étape dans le Nevada, état connu pour abriter Las Vegas, ville des casinos et de la débauche. Si la participation au caucus y sera scrutée avec attention, c’est plutôt dans les couloirs de la Cour Suprême que se jouera la suite de ces primaires. En effet, la plus haute institution juridique du pays doit déterminer, à partir de ce jeudi, si des états américains peuvent déclarer Donald Trump inéligible. Nikki Haley et ses donateurs anti-trumpistes ont tout misé sur ce coup de poker judiciaire pour renverser l’ancien président. Cette action en justice va-t-elle aboutir ou Trump est-il en passe de remporter définitivement la mise ?
Dans le New Hampshire, Trump reste invincible…

Revenons quelques jours en arrière pour analyser le résultat de la primaire dans le New Hampshire. Comme je vous l’avais annoncé il y a 15 jours, Trump a nettement remporté la seconde élection de ces primaires : 54% contre 43% pour Nikki Haley. Une victoire moins impressionnante que dans l’Iowa qui s’explique par la composition du corps électoral de cette primaire. Le New Hampshire organisait, en effet, une primaire ouverte et plus du tiers des électeurs étaient encartés indépendants ou démocrates. Nikki Haley a fait le plein auprès de cet électorat (plus de 70% des voix) mais cela n’a pas suffi face à la mobilisation des électeurs républicains traditionnels qui se sont reportés en masse sur l’ancien président.
Après deux confrontations, Trump dispose, désormais, de 32 délégués contre 18 pour Haley alors qu’il reste plus de 2 367 délégués à distribuer. Mathématiquement, rien n’est joué entre les deux candidats mais les prochaines échéances électorales vont être particulièrement compliquées pour Nikki Haley. Avec plus de 55 points de retard dans les intentions de vote nationales et un retard presque aussi conséquent dans les primaires prévues d’ici le Super Tuesday (le 5 mars), la campagne de Haley pourrait tourner à l’humiliation.

Et l’humiliation a commencé dès mardi soir avec la primaire du Nevada. Habituellement, les républicains y organisent un caucus mais cette année, l’état a décidé de mettre en place une primaire le 6 février. Le parti républicain n’était pas d’accord et a préféré maintenir le caucus, prévu ce jeudi. Donald Trump s’est inscrit uniquement au caucus, qui met en jeu 26 délégués, tandis que Haley n’était candidate qu’à la primaire, qui rapportait 0 délégué (vous suivez ?). Du fait du faible enjeu, très peu de personnes se sont déplacées pour voter mais Haley n’est, malgré cela, pas parvenue à finir en tête (30,5% des voix), battue à plate couture par l’option « Aucun de ces candidats » (63%)… Dur dur pour l’ancienne ambassadrice de l’ONU…

Pourquoi Nikki Haley poursuit donc sa campagne et garde le soutien de ses donateurs ? Parce qu’elle a des penchants masochistes ? Parce qu’elle a vraiment un « Birdbrain » ? Pas tout à fait, elle et ses donateurs espèrent encore que la justice va mettre Trump hors jeu !
… et la justice piétine aussi face à Trump

C’est le pari qu’avaient fait les anti-trumpistes au début de la campagne des primaires républicaines il y a un an environ : l’étoile de Donald Trump allait pâlir en raison de ses multiples inculpations qui auraient permis à un candidat comme Haley ou DeSantis d’émerger. Que nenni ! Depuis sa première inculpation en mars 2023, Donald Trump n’a cessé de progresser dans les intentions de vote et de plus en plus d’américains pensent que Trump subit un acharnement judiciaire piloté par les démocrates (54% dans le dernier sondage d’Harvard Harris). Il ne reste aux anti-Trump qu’à espérer qu’une condamnation de l’ancien président dans l’un de ses cinq procès provoque sa chute dans les sondages. Néanmoins, la justice américaine n’est pas plus rapide que la justice française et il est peu probable qu’une condamnation soit prononcée avant le 5 novembre prochain. Cela n’aide pas Haley qui a besoin d’un retournement de situation dès maintenant !
Heureusement pour elle, deux états ont ajouté un peu de piment dans cette équation judiciaire. En effet, en décembre dernier, la cour suprême du Colorado a déclaré Trump inéligible à la primaire républicaine en raison de son rôle dans l’assaut lancé contre le Capitole le 6 janvier 2021. Elle a invoqué la section 3 du 14e amendement de la Constitution qui interdit à ceux ayant prêté serment de défendre la constitution d’occuper des postes fédéraux s’ils se sont engagés dans une rébellion ou une insurrection. Le Colorado a été suivi par le Maine le 28 décembre. Trump et son équipe de campagne ont saisi la Cour Suprême des Etats-Unis qui a accepté de statuer sur la validité de cette disqualification ce 8 février. A-t-elle donné des raisons d’espérer aux plaignants ? Pas du tout bien sûr !

D’abord parce que Trump n’a pas été reconnu coupable d’avoir participé à une insurrection puisque un procès spécifique est en cours à ce sujet. Ensuite, parce que l’amendement invoqué est extrêmement ambigu et ne donne aucune procédure pour le faire appliquer : est-ce qu’un état fédéral peut unilatéralement décider qui peut être candidat ou est-ce qu’un vote est nécessaire au niveau fédéral au Congrès ? Est-ce que le terme officier des Etats Unis s’applique bien au président ? Ou parle-t-on de personnes nommées et non élues par le peuple ? Sur ces différentes questions, les juges ont laissé entendre ce jeudi qu’un état ne pouvait pas décider unilatéralement qui pouvait être candidat. La Cour Suprême va donc choisir l’option démocratique : ce seront les citoyens qui décideront si Trump est apte à la fonction. La décision officielle tombera d’ici quelques jours et elle sera sans appel : tous les juges (même les démocrates) devraient voter contre la disqualification de Trump.
Conséquence : les primaires sont bientôt terminées
Ni les électeurs républicains, ni la justice n’empêcheront Trump d’être candidat en novembre. Il faut se rendre à l’évidence, les primaires sont donc déjà bientôt finies. Mathématiquement parlant, si Nikki Haley tient absolument à se faire humilier sur la durée, Trump devrait remporter plus de la moitié des délégués d’ici le 12 ou 19 mars. Haley va devoir arrêter sa campagne le plus vite possible si elle tient à préserver son avenir politique. Dès le verdict officiel de la Cour Suprême par exemple. Sinon, je serai dans l’obligation de décortiquer chacune de ses fessées électorales au cours du mois qui vient.

Rendez-vous demain matin sur mon compte X pour connaître le résultat détaillé du caucus du Nevada.
Mon pronostic : Victoire de Trump dans le Nevada, annulation des disqualifications de Trump par la Cour Suprême et abandon de Haley avant la primaire de Caroline du Sud.