Election présidentielle US 2024 : mode d’emploi

Dans 50 jours, le mardi 5 novembre 2024, aura lieu l’élection du président des Etats-Unis. Donald Trump, 78 ans et 45ème Président, fera face à la Vice-Président, Kamala Harris, 60 ans en octobre. Comme pour les primaires, cette élection indirecte est complexe à appréhender mais parfaitement huilée. Découvrons les subtilités de ce cru 2024.

Rappel : qui peut être candidat ?

Aux Etats-Unis, il faut respecter 4 règles pour être éligible à la présidentielle :

  • Etre citoyen américain
  • Avoir plus de 35 ans
  • Avoir vécu au moins 14 ans dans le pays
  • Ne pas avoir été président deux mandats (ce qui exclut Bill Clinton, George W Bush et Barack Obama de la course)
Jimmy Carter, 100 ans en octobre, peut encore se lancer dans la course

Nous pouvons ajouter une cinquième règle, tacite mais très importante aux États-Unis : il est préférable d’avoir une réserve financière conséquente pour tenir le coup. On estime qu’environ 3 milliards de dollars seront dépensés cette année par Kamala Harris et Donald Trump. Ces règles s’appliquent également aux vice-présidents en course. En effet, si le président en exercice venait à décéder ou à quitter son poste durant son mandat, aucune élection ne serait organisée en urgence et le vice-président prendrait la relève jusqu’à l’élection suivante.

Le mode de scrutin

Les États-Unis se composent de 50 États et du District de Columbia. Tous les 4 ans, le premier mardi de novembre, les citoyens américains élisent leur président par un vote indirect. Autrefois, les bureaux de vote étaient principalement situés dans les grandes villes alors que le pays était beaucoup plus rural et chrétien. Le dimanche étant un jour de prière, les électeurs situés à la campagne se rendaient en ville le lundi pour voter le mardi. Cette tradition est maintenue mais les électeurs ont également la possibilité de voter en avance au bureau de vote ou par correspondance, dès septembre dans certains États.

Dans chaque État, les électeurs ne votent pas directement pour le président républicain ou démocrate, mais pour choisir des grands électeurs au nombre de 538. Les grands électeurs élisent le président à la majorité absolue, le premier lundi qui suit le deuxième mercredi de décembre (vous suivez toujours ?). Ensuite, le président prend ses fonctions lors de l’inauguration le 20 janvier de l’année suivante à midi.

Un calendrier bien rôdé depuis plus de deux siècles

Ce collège de 538 électeurs correspond au nombre d’élus au Congrès : 100 sénateurs (2 par État), 435 députés répartis proportionnellement selon la population des États, et les 3 grands électeurs du District of Columbia. Il ne faut pas confondre ces élus avec ceux de la Chambre des représentants et du Sénat. En effet, le même jour, la Chambre est totalement renouvelée, avec des candidats indiqués sur un autre bulletin de vote. 1/3 du Sénat est renouvelé, et il peut également y avoir une élection pour le gouverneur de l’État ou un référendum local. Cela explique les files d’attente énormes devant les bureaux de vote le jour J, empêchant certaines personnes de voter.

La répartition du collège électoral change tous les 10 ans après le recensement de la population et prend en compte l’évolution démographique du pays. 2024 marque le début du cycle électoral basé sur les données démographiques de 2020.

Répartition du collège électoral par Etat pour l’élection de 2024

The Winner takes it all ?

Une fois que vous maîtrisez cette carte, le calcul est simple : le candidat qui obtient 270 grands électeurs ou plus gagne le scrutin.

Si un candidat remporte un état avec une voix d’écart seulement, il remporte tous les grands électeurs de l’Etat. Ceci explique pourquoi un président peut être élu avec moins de voix totales que son adversaire (c’est arrivé 2 fois sur les 5 dernières élections). Ce type de scrutin repose sur la construction fédérale de l’Etat américain, assurant que chaque voix en Amérique, de zone rurale, urbaine ou suburbaine, soit entendue.

Cependant, les américains aiment toujours compliquer les règles : le Nebraska et le Maine ont changé leur mode de scrutin en 1992. Le Nebraska compte 5 grands électeurs et est divisé en 3 districts, l’équivalent de nos départements en France, tandis que le Maine en compte 4 et est divisé en 2 districts. Le candidat arrivé en tête dans chaque district remporte un grand électeur, et le candidat gagnant l’ensemble de l’État remporte les grands électeurs restants. Par exemple, Biden a remporté un grand électeur en 2020 dans le Nebraska malgré sa défaite dans l’Etat tandis que Donald Trump récupérait un grand électeur dans le Maine.

Les Swing states, les Etats où se joue l’élection

Comme vous l’avez compris, cette élection au scrutin indirect se joue à l’échelon des États et non au niveau national. Pendant des semaines, vous entendrez parler de sondages nationaux et d’écarts de X points entre les candidats Kamala Harris et Donald Trump. Ces sondages sont importants pour mesurer les forces en présence, mais ils ne permettront pas de connaître avec certitude le vainqueur de cette élection. Actuellement, Harris domine les sondages avec un peu plus de 2 points d’avance sur Trump, mais dans les États indécis, les deux candidats sont souvent à égalité. C’est dans ces États clés ou « Swing States » que l’élection se jouera.

Un swing state est un État où le rapport de force entre les démocrates et les républicains est équilibré, aux alentours de 50/50. Tous les 4 ans, les deux candidats concentrent leurs efforts sur ces États clés pour les remporter, tandis que les autres États sont négligés car le rapport de force penche trop en faveur d’un des deux camps. Ainsi, Donald Trump ne fera pas campagne en Californie et Harris ne se déplacera pas en Louisiane.

Pour que vous puissiez connaître parfaitement les endroits où la campagne se jouera, je vous présenterai à partir de cette semaine, les états clés de cette élection. Pour rappel, voici la carte de 2020 avec le dégradé des couleurs selon les écarts observés entre Trump et Biden.

Safe : écart > 12 points ; Likely : écart compris entre 7 et 12 points ; Leans : écart compris entre 3 et 7 points ; Tilt : écart inférieur à 3 points en 2020

Pour connaître le rapport de force de cette élection, vous pourrez suivre sur la page sondage présidentielle du blog, l’évolution des sondages entre Harris et Trump via mon agrégateur de sondages. Il sera mis en ligne cette semaine.

Pour cette élection, je dénombre 7 états et 1 district en jeu entre les deux candidats. A partir de cette semaine, vous pourrez découvrir la série « Route 270 » (comme le nombre de grands électeurs nécessaires pour être élu président) qui parlera de chacun de ces swing states plus en détail.

Pas de suspense, je vous donne en exclusivité, la liste des 8 états et district sélectionnés.

  • 2nd district du Nebraska
  • Michigan
  • Nevada
  • Caroline du Nord
  • Géorgie
  • Arizona
  • Wisconsin
  • Pennsylvanie

Les Principaux thèmes de campagne

Comme tous les quatre ans, cette élection ne déroge pas à l’adage « It’s the economy, stupid ». Pour 43% des électeurs, c’est l’état de l’économie, en particulier les taux de chômage et d’inflation, qui les préoccupe le plus. Arrivent ensuite l’immigration à 21% puis le droit à l’avortement à 14%. Le système de santé (8%), l’insécurité (7%) et la personnalité du candidat (6%) sont les autres sujets d’importance de cette élection.

Donald Trump domine nettement sur les deux principaux sujets (économie, immigration) mais les électeurs penchent en faveur de Kamala Harris sur l’avortement et la personnalité du candidat.

Les tentatives d’assassinat de Trump sont également au cœur de l’élection mais Donald semble avoir une protection bien particulière cette année…

Pas facile de dégager un favori dans ces conditions mais les tendances actuelles laissent penser que nous vivrons une soirée électorale pleine de rebondissements passionnants. Restez à l’affût du blog, car vous ne voudrez pas manquer un seul instant de cette élection qui risque de bien swinguer cette année !

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