Chaque mardi jusqu’au 5 novembre, j’analyserai les chiffres du duel Harris/Trump au national et dans les principaux swing states en m’appuyant sur l’agrégateur de sondages maison du BelieveMeBlog (page détaillée ici). Cette semaine, une explication (succincte) du fonctionnement de cet outil s’impose.

Préambule : Mon opinion sur la fiabilité des sondages américains
Comme en 2020, je remets en service un agrégateur de sondages pour suivre la compétition entre le candidat républicain Donald Trump et sa concurrente démocrate Kamala Harris. Depuis quatre ans, je scrute attentivement tous les sondages de cette campagne présidentielle américaine, car comprendre les fluctuations d’opinion publique est essentiel pour saisir les enjeux démocratiques actuels. Alors que la France a des instituts assez fiables (avec une erreur moyenne d’environ 2,5 points selon la moyenne de tous les instituts actifs en France), ce n’est pas du tout le cas aux États-Unis. Les instituts de sondages américains ne sont pas régulés par une commission, ce qui laisse une liberté totale (et parfois opaque) aux instituts. Cela signifie que la qualité des données peut varier considérablement d’un institut à l’autre. De ce fait, ils n’utilisent pas les mêmes méthodes de redressement ou utilisent leurs propres quotas (proportion des démocrates et républicains interrogés dans les sondages, proportion raciale de l’échantillon, etc.) et les résultats peuvent être biaisés.
D’ailleurs, la plupart des instituts ont une orientation politique : soit républicaine, soit démocrate (et souvent, ils sont davantage démocrates). Résultat ? En 2016 et en 2020, les sondages se sont souvent trompés (plus de 3 points), surtout concernant les résultats de Donald Trump. Comme en 2020, les instituts prétendent avoir corrigé leurs erreurs du passé et pensent mieux évaluer le potentiel électoral de Trump. J’y crois… moyennement !
L’agrégateur BMB : comment ça marche ?
Mon agrégateur de sondages n’est donc pas qu’une simple moyenne de tous les sondages sortis aux Etats-Unis. Cet agrégateur est pondéré par 3 critères :
- La réputation des instituts de sondage* (basée sur leurs résultats passés)
- Le nombre de personnes sondées (plus il y a de personnes interrogées, plus la marge d’erreur est faible)
- Les quotas utilisés dans la notice. Par exemple, si un sondage interroge un nombre trop important d’électeurs démocrates, je corrige cette valeur en me basant sur les quotas des élections de 2020.
*la liste des principaux instituts de sondage et leurs coefficients sont indiqués en fin d’article.
À ces trois critères s’ajouteront les observations « terrain ». Je suivrai les inscriptions sur les listes électorales qui montrent l’enthousiasme et la mobilisation. Elles pourront influencer légèrement le résultat de mon agrégateur.
Sur ce site, vous retrouverez donc :
- Un agrégateur de sondages pour l’élection au niveau fédéral/national
- Un agrégateur de sondages pour chaque swing state (environ une douzaine)
- Ma prévision de la carte électorale
Pourquoi faire confiance à cet agrégateur ? Parce que mon agrégateur a obtenu d’excellents résultats en 2020. J’avais presque parfaitement pronostiqué le score de Donald Trump (46,9% au lieu de 46,8% en réalité) et évalué le score de Joe Biden à un point près (50,4% au lieu de 51,3%).
Dans les états clés, mon agrégateur n’avait pas pronostiqué le bon résultat dans seulement 3 états (Géorgie, Arizona et Pennsylvanie). Mon défi cette année sera d’être encore plus précis !
Situation au 24/09 : Harris reprend un peu d’avance
Où en sont les sondages à 42 jours de l’élection selon cet agrégateur ?

Dans le détail, Kamala Harris profite de son bon débat contre l’ancien président républicain du 10 septembre dernier pour prendre 3 points d’avance. La base électorale démocrate est plus mobilisée derrière son candidat que ne l’est le camp républicain. Néanmoins, cette poussée est beaucoup moins nette dans les swing states. A part en Pennsylvanie et au Michigan, les états clés ne suivent pas la tendance nationale et les électeurs indécis doutent des mesures proposées par les démocrates.
En effet, Donald Trump continue de dominer nettement son adversaire sur les principaux thèmes qui préoccupent les américains (économie, immigration, sécurité et politique étrangère) à l’exception de la thématique de l’avortement qui pénalise Trump auprès de l’électorat féminin. Passée « l’émotion » du débat, je m’attends à un resserrement entre les deux candidats dans les intentions de vote, car les électeurs des états clés évaluent leurs choix en fonction de ces problématiques clés qui impactent leur quotidien et l’avenir du pays.
Si mon agrégateur donnait les bons résultats, la carte électorale ressemblerait à cela :

Trump pourrait récupérer l’Arizona et la Géorgie, mais ne gagnerait pas. Il est important de noter que les sondages ont du mal à évaluer le vote des électeurs blancs prolétaires qui soutiennent Trump dans les états de la Rust Belt (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie). L’avance de Harris est donc très faible, voire inexistante dans ces états clés. Cette élection est assez incertaine pour l’instant, et je ne ferai pas de pronostic définitif à ce stade.
Rendez-vous mardi prochain pour voir l’évolution de l’agrégateur. En attendant, tous mes graphiques sont sur cette page dédiée.
Liste des instituts de sondage classés selon leur fiabilité et leur ancienneté
