Plus que 4 semaines de campagne, folks ! Chaque début de semaine, je vous raconte les événements clés de la semaine écoulée pour que vous ne ratiez aucun soubresaut du duel Harris/Trump. Au programme dans ce troisième épisode : le débat des colistiers Walz/Vance, des tempêtes sociales et naturelles et l’entrée en campagne de l’homme le plus riche du monde. Et une question se pose : Trump est-il toujours un candidat antisystème ?

Mardi 01/10 : Vance gagne le match des colistiers
Le dernier débat de cette élection présidentielle a eu lieu. Trump ne voulant plus débattre avec Kamala Harris, ce sont leurs colistiers Tim Walz et J.D. Vance qui s’y sont collés. Les deux hommes ont respecté la réputation des habitants du Midwest : polis, à l’écoute, parfois presque d’accord, ce débat a été beaucoup plus calme que celui entre les candidats à la présidence. Et à ce jeu là c’est le républicain qui a marqué le plus de points.

Plus calme et précis que son adversaire, Vance a déroulé sans problème le programme de Trump sur des sujets majeurs comme l’économie et l’immigration. Il a même intégré une touche écologique au programme républicain en reconnaissant l’influence humaine sur le réchauffement climatique. En revanche, Tim Walz a semblé plus hésitant et a été la cible des critiques de Vance concernant le bilan de l’administration Biden. Vance a donc remporté le débat en abordant mieux les préoccupations des électeurs indécis. Mieux, il s’est véritablement posé en successeur légitime de Donald Trump pour la présidentielle 2028. Ce débat devrait aider Donald Trump à rattraper son retard cette semaine dans les sondages. Nous pourrons le vérifier dans l’agrégateur de sondages BMB qui sera publié demain.
Jeudi 03/10 : la grève des dockers, catastrophe évitée pour les démocrates
La campagne présidentielle a connu un mouvement social de grande ampleur cette semaine. Pour la première fois depuis 1977, les 45 000 dockers américains se sont mis en grève pendant 3 jours, interrompant tous les flux d’importations et d’exportations essentiels pour l’économie américaine. Leur revendications ? Les dockers ont demandé une revalorisation salariale de 77% sur six ans et un arrêt de l’automatisation des ports, qu’ils perçoivent comme un danger pour leurs emplois.

Cette grève, si elle avait duré longtemps, aurait pu provoquer des pénuries et faire augmenter les prix des biens de première nécessité, dans un contexte d’inflation. Cela aurait été un désastre pour le gouvernement et la candidate démocrate. Heureusement pour Harris, les dockers ont arrêté leur grève au bout de quatre jours suite à des négociations avec les directions portuaires. Les employeurs ont proposé une augmentation de 62 % des salaires sur six ans, acceptée par le syndicat. Toutefois, les discussions continuent, et les dockers maintiennent la pression sur le gouvernement, qui sera sous tension jusqu’au 5 novembre.
Samedi 05/10 : Musk à fond derrière Trump
Donald Trump était de retour à Butler en Pennsylvanie, lieu de sa tentative d’assassinat, pour tenir l’un des plus gros meetings de sa campagne. Pour l’occasion, le candidat a pu compter sur la présence de nombreuses personnalités dont la plus riche de toutes, Elon Musk, le fondateur de Tesla et SpaceX. Musk a pris la parole pour encourager les Américains à voter pour Trump afin de « préserver la constitution et la démocratie. » Il a déclaré que si Kamala Harris gagnait, cela signifierait la fin de la liberté d’expression et des élections libres aux États-Unis.

Elon Musk soutient activement Donald Trump et utilise une partie de sa richesse pour la campagne républicaine. Après le meeting, Musk a lancé son super PAC, l’America PAC, un comité qui collecte des fonds pour la campagne. Son soutien est principalement technologique : il met à disposition du candidat des données numériques pour identifier les électeurs républicains potentiels dans les swing states. Son super PAC propose alors à ces électeurs de s’inscrire pour voter le 5 novembre via des publicités en ligne. En outre, Musk a proposé de payer 47$ à chaque personne qui participera aux actions de porte-à-porte ou de phoning pour trouver des électeurs républicains. Cela aide beaucoup en cette fin de campagne et permet aux républicains de combler leur retard sur l’armada logistique démocrate.

Le soutien de l’homme le plus riche du monde soulève une question importante : Trump peut-il encore être considéré comme le candidat antisystème qu’il prétend être ? Contrairement aux campagnes de 2016 et 2020, Donald Trump a maintenant le soutien de certains entrepreneurs de la Silicon Valley, qui gardent un bon souvenir de sa politique pro-business lors de sa présidence. Ces entrepreneurs, de par leur influence et leur pouvoir économique, voient en Trump un allié potentiel pour la croissance et l’innovation, ce qui modifie la perception de son image publique. Son discours, qui défendait auparavant les petits contre les excès de Wall Street, ressemble désormais davantage à celui d’un candidat républicain traditionnel. Il se positionne comme un protecteur contre le communisme et la mauvaise gestion, affirmant que sa vision économique est la clé pour préserver les valeurs américaines. Bien que cela rassure certains milieux financiers aisés, cela n’attire pas nécessairement plus de soutien parmi les classes populaires touchées par la mondialisation, qui forment sa base électorale. La distance croissante entre son discours et les préoccupations des classes populaires constitue un véritable défi pour sa campagne, les démocrates le présentant de plus en plus comme le candidat des riches. Ceux qui voyaient en Trump un espoir il y a 8 ans, convaincus qu’il confronterait les élites, ont perdu leurs illusions et voient peut-être d’un mauvais œil, ce conglomérat de milliardaires autour de sa personne.
Lundi 07/10 : Hélène fait des ravages avant Milton
Le début d’automne est particulièrement dévastateur pour les Etats-Unis, touchés par des catastrophes naturelles. Fin septembre, l’ouragan Hélène a traversé le sud-est, causant plus de 220 morts selon les autorités. Maisons détruites, routes ravagées, ponts anéantis, le bilan de cet ouragan est le plus lourd depuis l’ouragan Katrina qui avait ravagé la Louisiane en 2005 et fait 1800 morts. Les victimes se trouvent en Caroline du Nord, Géorgie, Floride et Caroline du Sud, des états importants dans le cadre de l’élection présidentielle.

Chaque camp a donc tout naturellement tenté de tirer parti de l’événement. Du côté démocrate, Kamala Harris et Joe Biden étaient présents pour critiquer les sceptiques du changement climatique, affirmant que ceux qui n’y croient pas sont en état de « mort cérébrale » face aux images de la catastrophe. Trump a aussi visité les états sinistrés et en a profité pour critiquer la lenteur de la réponse du gouvernement fédéral, accusant les autorités de ne pas aider les sinistrés dans les zones républicaines, ce qui a provoqué l’indignation de Joe Biden.
Pour ne rien arranger, un nouvel ouragan surpuissant menace de frapper la Floride mercredi ou jeudi, et devrait toucher des zones déjà affectées. Avant cet événement, Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, a dénoncé la récupération de la catastrophe et a demandé aux candidats de rester à l’écart.

Cette semaine a donc commencé par un débat calme pour finir par des tempêtes sociales, médiatiques et environnementales. Alors que les premiers électeurs commencent à se rendre aux urnes en anticipé ou à voter par correspondance dans plusieurs états, les candidats multiplient les meetings à mesure que la date fatidique de l’élection approche. Nous aurons l’occasion de continuer ce décryptage de la campagne dans le prochain épisode lundi 15 octobre.