Plus que 3 semaines de campagne, folks ! Chaque début de semaine, je vous raconte les événements clés de la semaine écoulée pour que vous ne ratiez aucun soubresaut du duel Harris/Trump. Au programme dans ce quatrième épisode : état de l’économie américaine, Obama et Bill Clinton au secours de Kamala, tensions croissantes entre Biden et Harris et Trump en campagne en Californie. Et une question se pose : l’avortement sera-t-il un thème décisif dans les états clés ?

Mercredi 09/10 : signaux positifs pour l’économie américaine
L’économie américaine se porte bien à moins d’un mois de l’élection présidentielle. Les lois de réindustrialisation et de lutte contre l’inflation, votées à l’été 2022, ont enfin porté leurs fruits puisque l’inflation est retombée à 2,4% en septembre. Concernant l’emploi, la situation est un peu moins favorable qu’il y a un an. Avec 4,1% de taux de chômage, le pays est en plein emploi, ce qui est bien mieux qu’au début de son mandat (6,1% de taux de chômage à cause du Covid).

En dépit de ces résultats encourageants, Joe Biden et Kamala Harris peinent à gagner la confiance de la majorité des gens sur l’économie et l’inflation. Un sondage Harvard-Harris montre que Trump est perçu comme plus compétent que Harris pour gérer l’emploi (48% contre 45%), l’inflation (48% contre 43%) et le budget (45% contre 43%). Harris est cependant préférée pour soutenir les petites entreprises (49% contre 41%) et les classes moyennes (50% contre 43%). 51% des Américains estiment que leur situation économique serait meilleure sous Trump, contre 49% pour Harris. L’écart se resserre, mais les bons résultats de l’administration Biden/Harris arrivent peut-être un peu tard dans cette campagne.

Jeudi 10/10 : Barack et Bill à la rescousse de Kamala
Ces derniers jours, le parti démocrate fait preuve d’une certaine fébrilité face aux sondages qui continuent à montrer une course très serrée entre Harris et Trump. De son entrée en campagne fin juillet à son débat en septembre, Kamala Harris a semblé sur un petit nuage. Cependant, le départ de Biden n’a pas résolu les problèmes du parti. Comme le président démocrate, Harris est en difficulté auprès de certains segments de sa base électorale : les hommes hispaniques et noirs.

Pour remédier à cela, Kamala Harris a décidé de faire appel à deux anciennes figures : Barack Obama, qui a récemment tenu meeting en Pennsylvanie, et Bill Clinton, envoyé en mission séduction dans les comtés ruraux de Géorgie. Barack et Bill sont d’excellents orateurs et des atouts pour la candidate démocrate, capables de rassembler les foules grâce à leur charisme et à leur expérience. Néanmoins, cela soulève une question importante : comment incarner le changement en ressortant les vieilles gloires du passé ? Cette démarche montre bien le dilemme dans lequel se trouve l’équipe de campagne d’Harris qui hésite entre nostalgie et nouveauté.

Samedi 12/10 : A quoi joue Sleepy Joe ?

Toutes les vieilles gloires du passé ne sont pas bonnes à ressortir du placard. Comme mentionné dans un article récent, les relations entre Kamala Harris et la Maison Blanche se détériorent, ce qui se voit dans les déclarations récentes du président sortant. L’équipe de Harris reproche aux conseillers de Biden de ne pas se coordonner avec son emploi du temps. Ce samedi, Biden a tenu une conférence de presse impromptue pendant le meeting de Harris dans le Michigan, perturbant sa couverture médiatique. Plus tôt cette semaine, alors que Harris critiquait le gouverneur Ron DeSantis pour avoir refusé de répondre à son appel au sujet des ouragans, Biden complimentait ce dernier, le décrivant comme un homme gracieux et coopératif.

A quoi joue le président ? L’homme a très mal vécu la façon dont le parti l’a poussé à renoncer à sa candidature. Son équipe, recasée en partie dans l’organigramme de campagne de Kamala Harris, est insatisfaite et se sent mise à l’écart des décisions cruciales. Cela crée un climat de méfiance avec les équipes d’Harris et rend la collaboration entre les deux appareils compliquée. Cette situation de tensions est sûrement une des raisons du trou d’air actuel des démocrates, avec des équipes qui n’arrivent pas à s’entendre sur une stratégie (et à s’y tenir) et un président vexé en roue libre. Les démocrates vont devoir rectifier le tir dans la dernière ligne droite et montrer une image d’unité face à un Trump plus confiant que jamais.
Dimanche 13/10 : Trump en campagne en Californie et New York, pour quoi faire ?
Ce dimanche, Donald Trump a tenu meeting en Californie, un état qu’il est certain de perdre, dans le but de relier Kamala Harris à son Etat d’origine, en proie à de nombreuses difficultés comme les pénuries d’eau et la crise des sans-abris. « Nous ne laisserons pas Kamala Harris faire à l’Amérique ce qu’elle a fait à la Californie », a déclaré l’ancien président dans la ville de Coachella, comparant l’Etat à « un paradis perdu ».

Donald Trump a enclenché la dernière phase de sa campagne avec deux objectifs. Le premier est de multiplier les meetings dans les états clés pour convaincre les indécis de voter pour lui et épuiser les ressources financières des démocrates. Cette année, il innove avec son second objectif en visitant aussi des grands États des côtes Ouest et Est, comme la Californie, pour améliorer sa position dans le vote populaire. Actuellement, Trump a deux points de retard dans les sondages nationaux, mais il espère gagner le vote populaire, une première en trois élections. Cela renforcerait sa légitimité et montre sa grande confiance en sa victoire. La prochaine étape de cette stratégie aura lieu le dimanche 27 octobre au Madison Square Garden de New York, où l’ambiance s’annonce électrique.
Lundi 14/10 : l’avortement, une thématique encore décisive ?
Bien que la plupart des sondages publics indiquent que l’économie et l’immigration sont les principale préoccupation des électeurs, une enquête NBC a demandé aux futurs votants si un sujet leur tenait assez à cœur pour voter uniquement sur ce critère. C’est l’avortement qui arrive en tête avec 22%, suivi de l’immigration à 19% et de la protection de la démocratie à 18%.

Comme lors des MidTerms 2022, le sujet de l’avortement mobilise les électeurs, ce qui est un atout pour la candidate démocrate. Elle est perçue comme plus compétente sur ce sujet par 53% des électeurs, contre 34% pour son adversaire. Alors que 63% des américains s’opposent à une interdiction fédérale de l’avortement, 54% des électeurs pensent que Trump la soutiendrait, même s’il ne l’inclut pas dans son programme. Cela lui coûte des points parmi les femmes, qui préfèrent Harris à 55% contre 41%. Cela pourrait nuire aux chances de Trump à la Maison Blanche.
Si les démocrates s’inquiètent pour leur campagne cette semaine, les bonnes nouvelles sur l’économie et le soutien de l’opinion publique à l’avortement montrent que Harris garde toutes ses chances dans cette élection si elle accepte de prendre quelques risques. A ce titre, elle prévoit de participer à une interview sur Fox News en prime time cette semaine. Nous en reparlerons dans le prochain épisode de campagne.