
Bonjour à vous chers lecteurs. Une semaine a passé depuis les élections de mi-mandat et je suis presque en mesure de vous faire part de tous les résultats. Eh oui, la plus grande démocratie du monde peut rassurer n’importe quel pays qui se mettrait dans la tête d’organiser une élection : compter les voix sera toujours plus simple qu’aux Etats-Unis. Dans cet article, nous allons revenir plus en détail sur les résultats dans les 2 chambres avec un premier constat clair : les Républicains n’ont pas remporté de manière éclatante ces élections. Au contraire, on parle presque d’échec puisque le Sénat est conservé par les Démocrates et les Républicains auront une majorité infime à la Chambre des Représentants. Alors que Biden semblait en mauvaise posture du fait de l’inflation galopante, son parti est finalement parvenu à mobiliser sur le thème de l’avortement et à vaincre les prévisions des sondages. Nous regarderons ensuite où l’élection s’est gagnée et comment les différentes catégories de population ont voté par rapport à 2020. Enfin, j’essaierai de dresser un bilan pour chacun des partis et des perspectives en vue de l’élection présidentielle 2024. En effet, si l’élection n’aura lieu que dans 24 mois, Donald Trump, qui apparaît affaibli par ces résultats, a annoncé sa candidature à la présidentielle ce mardi 15 novembre 2022. Aura-t-on droit au remake de 2020, avec les candidats les plus âgés de l’histoire, ou doit-on s’attendre à un vent de nouveauté dans le casting ? Les Républicains auront-ils plus ou moins de chances de l’emporter sans Trump ?
résultats : 2 partis à 50/50 dans toutes les strates du pouvoir
Les résultats de mardi dernier ont été une surprise pour pas mal d’observateurs. Effectivement, les MidTerms avaient pour habitude de sanctionner durement le parti au pouvoir et il était assez courant d’avoir droit à une vague en faveur du parti de l’opposition. Dans mon précédent article, j’avais plutôt tablé sur une vaguelette rouge en raison d’un pays plus divisé que jamais en 2 blocs, avec plus de basculement spectaculaire possible dans une configuration où chaque parti tend vers plus de radicalité. Néanmoins, l’écart a finalement été encore plus ténu que ce que j’imaginais. La raison ? Comme en 2020, les sondages ont peiné à identifier les thèmes de campagne sur le terrain et l’avortement a été un moteur de mobilisation du camp démocrate bien plus fort qu’attendu. En outre, les Démocrates maîtrisent parfaitement le système du vote par correspondance et savent aller chercher les bulletins qui manquent en amont de l’élection, les Républicains ayant choisi, pour leur part, de seulement dénoncer le système sans jouer selon les règles, certes, parfois très discutables. En conséquence, les Républicains l’emportent au niveau de la Chambre des Représentants mais par la plus petite des marges. A l’heure où j’écris ses lignes, les Républicains n’ont même pas encore officiellement remporté la majorité absolue des sièges mais cela devrait être fait (un jour où l’autre…). Avec les projections à date, les Républicains ont gagné au moins 4 sièges et disposent de 217 sièges contre 209 pour les Démocrates. Il reste 9 sièges à attribuer principalement en Californie et 4 voire 5 sont très favorables aux Républicains. Nous devrions donc avoir une chambre composée de 220 à 222 Républicains contre 213 à 215 Démocrates. Comparé à 2020, cela correspond à un gain de seulement 7 à 9 sièges pour le parti de Trump contre 20 à 30 attendus. Avec cette majorité étriquée, les Républicains pourront tout de même contrecarrer les plans de Joe Biden pour les 2 ans à venir en ayant la main sur le calendrier législatif.

Par rapport à ma projection, qui prévoyait une majorité aux alentours de 240 sièges, les Républicains ont sous-performé principalement dans les Etats de la Rust Belt et du Nord Est : recul dans le New Hampshire, le Maine, le Rhodes Island, le Connecticut, le Michigan, l’Illinois et la Pennsylvanie. Ailleurs, le Texas, l’Oregon et l’Etat de Washington ont été de moins bonnes fournées que prévues pour le parti de l’Eléphant. En termes de voix, les Républicains ont pour l’instant obtenu 51,5% des voix contre 47% pour les Démocrates mais l’écart devrait se resserrer sensiblement avec les derniers comtés à comptabiliser en Californie.
Au Sénat, les observateurs ont été moins surpris et les résultats ont été plus conformes aux pronostics. Il y avait 35 sièges à renouveler dont une majorité de sièges républicains (21). L’implantation locale et la personnalité des candidats ont eu plus d’influence dans le vote de ces élections. Dans mon article précédent, je prévoyais un basculement d’un siège en faveur des Républicains ce qui aurait porté leur total à 51 sénateurs. S’il reste un 2nd tour en Géorgie où tout reste possible, on devrait avoir plutôt le résultat inverse, à savoir un Sénat qui bascule pour un siège en faveur des Démocrates.

Dans ma projection, j’avais fait un focus sur 5 élections que je jugeais décisives : celles du New Hampshire, de l’Arizona, de Pennsylvanie, de Géorgie et du Nevada. Contrairement à ce que prévoyaient les sondages, la sénatrice Maggie Hassan a été réélue très largement dans le New Hampshire avec 53% des voix contre 44% pour son adversaire. Les 4 autres duels ont été, en revanche, serrés comme prévus. En Arizona et en Pennsylvanie, les Démocrates sont parvenus à tirer parti des modalités de vote pour faire le plein en votes par correspondance. Par rapport à 2020, les Démocrates ont, ainsi, maintenu un haut niveau de mobilisation et sont parvenus à garder le siège de l’Arizona avec 51% des voix contre 46% et à prendre le siège de Pennsylvanie aux Républicains avec 51% des voix contre 47%. Au Nevada, les Démocrates ont eu très très chaud mais là encore, le mode de scrutin leur a été favorable et ils sont parvenus à récolter assez de votes par correspondance pour conserver ce siège. La sénatrice sortante Cortez Masto l’emporte avec seulement 10 000 voix d’avance sur son adversaire Républicain Laxalt. Enfin, en Géorgie, il y aura un second tour entre les 2 candidats puisqu’aucun des 2 n’est parvenu à obtenir 50% des voix. Avec 36 000 voix d’avance, le sénateur démocrate Warnock est en ballotage favorable pour donner un 51ème siège au parti de Joe Biden le 6 décembre prochain.
Concernant les élections de gouverneurs, là encore, la tendance est au resserrement des écarts. Effectivement, nous devrions avoir 26 Etats sous le contrôle des Républicains contre 24 pour les Démocrates, un gain de 2 Etats nets (récupération des Etats du Maryland, du Massachussetts et de l’Arizona et perte du Nevada) pour ces derniers.

Je vous avais proposé de suivre plus particulièrement 7 élections (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie, Arizona, Nevada, Géorgie et Floride) qui pouvaient avoir une conséquence sur la politique nationale en particulier pour les Républicains. Ainsi, Trump avait soutenu et financé avec vigueur 6 « Baby Trump » dans les Etats clés de la Rust Belt (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie et Ohio) et de la Sun Belt (Arizona et Nevada) tandis que son potentiel challenger Ron DeSantis tentait de se faire réélire en Floride. Enfin, l’homme qui avait refusé d’annuler l’élection de 2020 en Géorgie, la bête noire de Trump, Brian Kemp essayait également d’obtenir un nouveau mandat de ses administrés. Pour l’ennemi et le challenger de l’ancien président, les victoires ont été plus larges qu’en 2018, DeSantis l’emportant avec plus de 19 points d’avance sur son adversaire démocrate et Kemp par 53% des voix contre 46%. Pour les Baby Trump, en revanche, l’élection a été un carnage. Dans la Rust Belt, seul l’Etat de l’Ohio a été conservé par un Baby Trump mais ailleurs, les trumpistes ont pris une fessée, en particulier dans le Michigan (10 points de retard) et en Pennsylvanie (14 points de retard). Dans le Wisconsin, le candidat républicain n’est pas passé loin en s’inclinant de 90 000 voix. Aucun de ces candidats n’a osé dénoncer le résultat et tous ont reconnu leur défaite. Dans la Sun Belt, la surprise est venue de la défaite de la championne des Baby Trump, Kari Lake annoncée lundi 14 au soir alors que toutes les voix ne sont pas encore comptabilisées. Avec seulement 17 000 voix de retard, celle qui se voyait déjà colistière de Trump va sûrement tenter de gagner cette élection devant les tribunaux mais cela ne devrait pas aboutir et mettre ainsi fin à ses ambitions nationales. Seule éclaircie pour les trumpistes, Joe Lombardo est parvenu à faire basculer le Nevada dans le camp des Républicains. Assurément, il sera, avec Brian Kemp, l’un des gouverneurs républicains les plus courtisés pour apparaître sur le ticket républicain de l’élection présidentielle 2024 aux côtés du vainqueur des primaires.
démographie électorale : QUELS types d’électeurs ont changé de camp entre 2020 et 2022 ?
Le thème de l’avortement a handicapé les Républicains
Même si les élections de mi-mandat et l’élection présidentielle sont des élections différentes, les résultats serrés montrent que ces MidTerms n’ont finalement été que le match retour de l’élection présidentielle de 2020. Essayons de tirer au clair quelques évolutions marquantes quant à la démographie électorale américaine.
Première observation, le sondage sorti des urnes CNN a révélé une erreur majeure des instituts de sondage : la thématique du droit à l’avortement a bien été un enjeu électoral important et principal vecteur de mobilisation des électeurs démocrates et indépendants. Si l’inflation a bien été jugée comme le principal thème de campagne pour 31% des électeurs, l’avortement (27%) s’est placé à une solide deuxième position, loin devant les thématiques de l’insécurité (11%), de la politique en matière d’armes à feu (11%) ou de l’immigration (10%). Quand on regarde ce chiffre dans les fameux Swing States, on note que l’avortement a été un sujet de préoccupation encore plus crucial dans les Etats de la Pennsylvanie (37%, 1er sujet de préoccupation), du New Hampshire (35%), de l’Arizona (32%), du Wisconsin (31%) de la Caroline du Nord (29%) du Nevada (28%) et a sûrement été la principale raison des contreperformances républicaines dans ces Etats. En effet, 76% des électeurs qui ont nommé l’avortement comme thématique la plus importante, se sont reportés sur un candidat démocrate contre 23% sur un candidat républicain.

Par ailleurs, lorsque l’on demande aux électeurs s’ils sont favorables à l’avortement, 59% (+8% vs 2020) des électeurs jugent qu’il doit être légal dans la plupart voire tous les cas quand seulement 36% (-6% vs 2020) des électeurs souhaitent retirer ce droit. Les démocrates font le plein de voix parmi les électeurs pro-choice (86% contre 80% en 2020) et les Républicains font de même parmi les électeurs pro-life (88% contre 81% en 2020) mais entre temps, le pourcentage de personnes pro-choice est passé de 25% à 29% tandis que la part de personnes pro-life a diminué très fortement passant de 17% à 10% dans la population. Cette décision de la Cour Suprême de revenir sur le droit à l’avortement a sûrement fait plaisir à l’électorat conservateur Républicain mais elle pourrait être, désormais, un véritable incapacitant électoral pour les futurs candidats Républicains.

Des fractures générationnelles et sexuelles
Seconde observation, quand on regarde les votes en fonction des catégories d’âge et des genres, on se rend compte que le thème de l’avortement a renforcé des fractures générationnelle et sexuelle de manière bien plus évidentes qu’en 2020 entre les 2 partis politiques. Le parti républicain creuse un écart de 6 points avec le parti démocrate chez les hommes, tandis que les femmes se reportent nettement pour le parti démocrate à 53% contre 45%.

Lorsque l’on entre dans le détail des tranches d’âge, on constate que le parti démocrate est le parti des jeunes générations, qui sont plus libérales sur le sujet de l’avortement, face aux plus anciennes qui préfèrent le parti républicain. Les démocrates progressent très fortement dans les tranches d’âge 25/29 ans à 65% (+11%) et 30/39 ans à 54% (+3%) tout en se maintenant à un très haut niveau chez les 18/24 ans 61% (-4%). A contrario, les républicains inversent le rapport de force chez les 40/49 ans en gagnant 8 points et se renforcent de 3 points chez les plus de 50 ans. La génération des 40/49 ans est la catégorie où le score entre les 2 partis est le plus serré et cette catégorie d’âge correspond, peu ou prou, à la génération charnière à partir de laquelle l’avortement n’est plus vraiment un sujet d’inquiétude.

Cette grille de lecture est renforcée quand on distingue le vote selon la race et l’âge des votants. Ainsi, les démocrates progressent chez les blancs et les noirs de moins de 44 ans et les républicains sont en augmentation dans toutes les catégories raciales de plus de 45 ans. Seuls les latinos font exception avec une hausse du vote pour les républicains dans toutes les classes d’âge.



Enfin, en ce qui concerne l’orientation sexuelle des votants, on peut supposer que le virage ultra conservateur des républicains a fait fuir en masse les minorités sexuelles, sûrement inquiètes en pensant à de futurs arbitrages de la Cour Suprême sur le mariage gay. En effet, Trump était parvenu à récolter 27% des voix en 2020 auprès de la population LGBT. En 2022, c’est moitié moins avec seulement 14% des voix pour les républicains contre 84% pour les démocrates.

Les latinos et les asiatiques poursuivent leur virage conservateur
Sur le plan ethnico-racial, nous avions observé en 2020, une légère baisse de Donald Trump dans l’électorat blanc âgé à cause du coronavirus mais aussi une progression sensible au sein des minorités raciales asiatiques et hispaniques. En 2022, le vote pour les républicains a stagné chez les blancs en raison de l’avortement, comme nous l’avons vu précédemment. Si les blancs de plus de 45 ans sont revenus au bercail, la baisse chez les électeurs blancs de moins de 44 ans a empêché toute progression nette des républicains. A contrario, les démocrates peuvent commencer à se faire du soucis chez les minorités hispaniques et asiatiques. Ces 2 minorités, impactées par les hausses de l’insécurité et par l’inflation, ont moins voté pour le parti démocrate en 2022. Les démocrates perdent, ainsi, 5 points chez les hispaniques et 3 chez les asiatiques pendant que le parti républicain progresse respectivement de 7 et 6 points.

Si l’on ajoute le genre des votants, les républicains ont, dans ce cycle électoral, amélioré leur score chez les hommes blancs (63%, +2%) et hispaniques (45%, +9%) et les démocrates ont gagné des points chez les femmes blanches (45%, +1%).

La classe moyenne rebascule du côté républicain
Le dernier volet de cette analyse démographique porte sur la répartition des votes en fonction de la situation économique. Par rapport à 2020, les républicains progressent notablement parmi la classe moyenne américaine. Les personnes gagnant 50 000 à 100 000 $ par an se sont reportées à 52% (+10%) sur un candidat républicain contre 45% (-12%) sur un candidat démocrate. On observe également une hausse de 2 points du vote républicain parmi les personnes gagnant entre 30 000 et 50 000 $. Pour les personnes les plus en difficulté, en revanche, l’avance du parti démocrate s’est creusé de 4 points en comparaison avec la dernière présidentielle. Les différentes mesures sociales en particulier sur le système de santé ont donc permis aux démocrates de conserver cette base populaire. Dans les catégories supérieures, les personnes les plus aisées se sont reportées en majorité sur un candidat républicain mais la tendance est différente selon le niveau de richesse : + 4 points pour les personnes disposant de plus de 200 000 $ par an mais en baisse de 7 points pour les personnes gagnant entre 100 000 $ et 200 000 $.

Concernant la répartition géographique du vote, les zones urbaines restent la chasse gardée des démocrates qui obtiennent 58% dans les grandes villes américaines et les zones rurales celle des républicains qui progressent de 6 points à 63%. Dans les zones périurbaines où se trouvent les classes moyennes, l’avantage va aux républicains qui progressent de 4 points par rapport en 2020. C’est grâce à cet électorat périurbain que la victoire des républicains a été possible, électorat qui n’a pas été convaincu par la politique de Joe Biden contre l’inflation.

En définitive, les républicains ont remporté les MidTerms grâce aux électeurs de la classe moyenne qui ont sanctionné la politique économique de Joe Biden mais, en raison de la thématique de l’avortement, cette victoire est moins large que prévu car les femmes et les jeunes se sont mobilisés contre le parti républicain. Ajouter à cela la présence de candidats trop conservateurs et médiocres (coucou les Baby Trump) sur des circonscriptions qui se jouent à un ou deux points près et vous obtenez une gueule de bois carabinée à Mar-a-Lago chez l’ancien président Trump.
Perspectives pour les démocrates d’ici 2024 : Biden, force tranquille à moins que les neurones ne lâchent
Côté démocrate, le résultat a été plutôt accueilli avec soulagement car Joe Biden ne sera pas empêché de gouverner jusqu’en 2024. En conservant le Sénat et en étant le président ayant perdu le moins de sièges à la Chambre lors de MidTerms depuis George W. Bush en 2002, Joe Biden sort comme le grand vainqueur de cette séquence électorale. A bientôt 80 ans et alors que bon nombre d’observateurs le pensait déjà fini, Sleepy Joe s’est encore une fois réveillé au bon moment. Désormais, il est sans rival sérieux pour 2024. Malgré son âge, Biden semble bien avoir l’intention de poursuivre et de se présenter pour un second mandat en 2024. S’il est opposé à Trump, sa position centrale sur l’échiquier politique lui permettra de rassurer les indépendants et s’il affronte un autre républicain, il pourra mettre en avant sa grande expérience. Il est clairement la meilleure carte à jouer du côté démocrate. En cas de détérioration de sa santé, les potentiels remplaçants ne sont, en effet, pas très emballants. Kamala Harris n’est pas une bonne candidate et n’est pas populaire au sein des classes moyennes blanches. L’aile gauche du parti, représentée par Ocasio-Cortez et Sanders, est en difficulté et parviendrait certainement à faire élire n’importe quel républicain. Restent 2 options qui peuvent être des recours viables pour les démocrates : Gavin Newsom, le gouverneur de Californie de 55 ans et Pete Buttigieg, 40 ans, révélation des primaires démocrates de 2020 qui ont l’avantage de se trouver plutôt sur l’aile centriste du parti. Cependant, je doute de leur capacité à faire le plein des voix dans les Etats industriels du Midwest comme Joe Biden.

S’ils restent unis derrière leur président et si les républicains se déchirent pour faire la peau de Trump, je vois mal les démocrates perdre la présidentielle 2024, ils seront favoris de l’élection et la carte électorale ainsi que les évolutions démographiques favorisent leur maintien au pouvoir. Je vais me permettre de donner 4 conseils aux démocrates pour qu’ils optimisent leurs chances en 2024 :
- Continuer à imposer la thématique de l’avortement dans le débat public. Ce sujet diabolisera tout candidat républicain et il a prouvé son efficacité pour mobiliser les électeurs démocrates lors des MidTerms.
- Tenir la ligne protectionniste sur l’économie pour retenir les électeurs de la Rust Belt de se tourner à nouveau vers Trump ou un autre candidat républicain en 2024. Si l’inflation persiste aux niveaux actuels, néanmoins, les démocrates pourraient éprouver des difficultés avec cet électorat blanc déclassé.
- Embrasser une position plus ferme sur les thématiques de l’insécurité et sur l’immigration illégale sous peine d’en faire un véritable boulet électoral.
- Si Trump est le candidat républicain, le matraquer sur l’image de loser mauvais perdant et remporter la mise.

Perspectives pour les républicains d’ici 2024 : Revenir aux fondamentaux du trumpisme (avec ou sans Trump) ou perdre
Même si les Républicains ont remporté les MidTerms 2022, le parti républicain est en bien moins bonne posture que le parti démocrate pour 2024 et ce n’est pas que la faute de Donald Trump. Comme nous l’avons vu précédemment, la décision de la Cour Suprême de mettre fin à la protection fédérale sur le droit à l’avortement a ajouté un boulet supplémentaire aux pieds des candidats républicains. De fait, en raison de l’évolution démographique du pays, les blancs américains ne représentent plus qu’environ 2/3 des électeurs dans les urnes et la diminution de leur part dans le corps électoral désavantage grandement les républicains : Demography is Destiny !
Pour remporter les élections de 2016, Trump avait adopté un discours protectionniste en économie pour attirer les électeurs blancs démocrates dépossédés par la mondialisation et l’avait associé à un réquisitoire identitaire à destination de la communauté blanche, qui sera minoritaire à partir de 2050, en promettant de stopper l’immigration massive et de défendre les valeurs traditionnelles américaines. Cela lui avait permis de faire le plein des voix au sein de cette communauté blanche. Durant ses 4 ans de mandat, le président Trump a plutôt appliqué son programme mais, pour tenir le parlement, avait dû aussi faire avancer l’agenda de la mouvance ultra conservatrice et religieuse du Tea Party représentée par Mike Pence et Ted Cruz et abandonner toute mesure sociale dans le domaine de la santé pour ne pas perdre les élus républicains libéraux. En axant le discours du parti sur la lutte contre le socialisme et en dérivant vers un conservatisme toujours plus moraliste, les campagnes républicaines de 2020 et 2022 ont fait dérailler le courant trumpiste vers la vieille école républicaine ultra conservatrice. En ne reconnaissant pas sa défaite en 2020, Donald Trump a, par ailleurs, ajouté une dimension complotiste à son image, très handicapante auprès de l’électorat centriste. En conséquence, les républicains n’ont toujours pas fait l’inventaire du trumpisme et du conservatisme pour se projeter dans l’avenir. Sans cet effort idéologique préalable, la carte électorale est très compliquée pour tout candidat républicain. Trump garde une aura dans le Midwest qui peut lui permettre de rester compétitif face à Biden mais, s’il maintient une ligne radicale sur l’avortement et refuse de jouer le jeu démocratique, il conduira les républicains vers une nouvelle désillusion. Si DeSantis ou un autre sort vainqueur des primaires en sortant Trump violemment du jeu, que deviendront tous ses électeurs de la classe moyenne déclassée du Midwest qui vouent un culte à Trump ? Reviendront-ils aux urnes pour aider un Trump 2.0 ou pire un Bush 3.0 ultra conservateur ? Cela me paraît peu probable.

Voici donc mes 4 conseils pour sauver le parti républicain de la déroute en 2024 :
- Abandonner au maximum les pans du programme pro-choice sur l’avortement : il faudrait idéalement adopter une ligne modérée sur ce sujet, laisser chaque Etat voter pour décider quelle politique elle souhaite mener. Le parti républicain doit rester, aux yeux des électeurs, le parti de la liberté et non devenir celui de la morale religieuse.
- Cesser de rejeter le système électoral foireux de certains Etats et s’adapter aux règles en place. Les républicains doivent se servir du vote par correspondance pour « démarcher » leurs électeurs comme le font les démocrates tout le mois qui précède la présidentielle. Comment gagner une élection quand on demande à ses électeurs de se mobiliser une journée quand l’adversaire va chercher les voix une par une pendant les 30 jours qui précèdent le scrutin ?
- Revenir aux fondamentaux du trumpisme pour faire le plein des voix dans la communauté blanche et poursuivre sa progression au sein de la communauté latino : ligne identitaire sur l’immigration, loi et ordre pour lutter contre l’insécurité, nationalisme en économie et protectionnisme social sur la santé.
- Liquider Donald Trump en douceur. Le candidat idéal pour 2024 est un candidat sans casserole, jeune et moderne mais qui respecte la ligne trumpiste. Un candidat trumpiste adoubé par Trump en somme.
Spoiler : ça n’arrivera pas, il y aura du sang et je serai là pour vous décrire tout cela dans les moindres détails, même les plus scabreux, oui, oui.

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[…] dernière fois que nous avions parlé de Trump sur ce blog, le parti républicain venait de connaître une victoire à la Pyrrhus lors des MidTerms et […]
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[…] novembre 2022, je vous expliquais dans mon article bilan des Midterms pourquoi Biden était en position de force en cas de match retour face à Trump en 2024. Un an plus […]
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