Une semaine de campagne, épisode 2

Plus que 5 semaines de campagne, folks ! Chaque début de semaine, je vous raconte les événements clés de la semaine écoulée pour que vous ne ratiez aucun soubresaut du duel Harris/Trump. Au programme dans ce second épisode : le conflit russo-ukrainien et les tensions au Moyen-Orient s’invitent dans la campagne, l’Amérique se droitise tandis que Kamala Harris joue aux équilibristes. Et une question se pose : l’élection présidentielle 2024 sera-t-elle un remake de 2016 ?

Mardi 24/09 : la droitisation de l’Amérique ?

Tous les quatre ans avant l’élection présidentielle, Gallup, plus ancienne société de sondages aux Etats-Unis, publie une analyse détaillée sur l’opinion américaine qui présage souvent du résultat de la présidentielle. Le rapport de 2024, publié mardi 24/09, a surpris de nombreux analystes et semble indiquer que les Etats-Unis penchent plus que jamais à droite. En effet, 48% des électeurs s’identifient comme des républicains contre 45% qui se considèrent comme démocrates, un soutien inédit au parti républicain depuis 1988 !

Le parti républicain n’a remporté le vote populaire qu’une fois (2004) en 32 ans !

Plus intéressant encore pour le parti républicain, sur les 10 thèmes principaux de la campagne présidentielle, les électeurs font plus confiance aux républicains sur 9 d’entre eux (sauf l’avortement) ce qui témoigne d’un changement notable par rapport à 2020 et d’une dynamique incontestable en faveur des idées conservatrices au sein de l’électorat américain. 46% des électeurs voient le parti de Trump plus apte à résoudre les problèmes du pays contre 41% pour le parti de Harris. Comme en 2016, l’environnement politique est favorable aux républicains même si les sondages d’opinion actuels montrent encore une légère avance pour les démocrates.

L’économie et l’immigration sont les 2 thèmes majeurs de cette campagne électorale

Jeudi 26/09 : visite de Zelensky, quid de l’Ukraine en 2025 ?

Ingérence ukrainienne dans la campagne présidentielle ! Jeudi et vendredi derniers, Volodymyr Zelensky a visité les États-Unis pour rencontrer Biden, Harris et Trump. Son but : exposer son « plan de victoire » et s’assurer du soutien des deux candidats dans sa lutte contre la Russie de Vladimir Poutine.

Après une entrevue avec Joe Biden, où le président américain a proposé d’augmenter l’aide à la sécurité pour l’Ukraine sans autoriser Kiev à utiliser des missiles de longue portée américains vers la Russie, le dirigeant ukrainien a rencontré Kamala Harris qui a réitéré son « soutien inébranlable » au peuple ukrainien. Elle a affirmé qu’il ne devrait pas y avoir de négociations avec la Russie qui impliqueraient une perte de territoire, assimilant cela à une capitulation dangereuse. Cependant, elle n’a pas avancé de propositions militaires plus ambitieuses que celles de Biden.

Harris souhaite poursuivre la politique de soutien à l’Ukraine initiée par Joe Biden

A l’inverse, la rencontre entre Trump et Zelensky était bien plus fraîche et a failli ne pas avoir lieu. Trump n’a pas apprécié les commentaires de Zelensky dans le New Yorker, où il déclarait que Trump ne savait pas comment mettre fin à la guerre. En effet, Trump affirme, depuis le début de sa campagne électorale, qu’il résoudra le conflit en 24 heures, sans jamais donner de détails. Il n’en a pas dit plus lors de cette rencontre et a simplement rappelé que les deux hommes voulaient mettre fin à la guerre.

Néanmoins, il insiste lors de ses meetings pour que les Américains ne dépensent pas d’argent pour ce conflit, fidèle à son slogan « America First », et a ironiquement déclaré que Zelensky était le « meilleur commercial de la planète », remportant avec lui 60 milliards de dollars à chaque visite dans le pays. Ce sujet pourrait pénaliser Trump dans un pays où la majorité des Américains restent anti-russes et favorables à un soutien financier de l’Ukraine.

Autre salle, autre ambiance pour Zelensky

Vendredi 27/09 : Kamala critique le bilan migratoire et économique de Biden

Kamala Harris a pris en compte l’avis des Américains. Ils veulent plus de protection sur les questions économiques et migratoires et pensent que le mandat Biden/Harris n’en a pas fait assez. En conséquence, Harris mène une campagne d’équilibriste : elle assume le bilan de Biden tout en s’en distanciant. Pas facile de ne pas porter le flanc aux critiques des républicains dans cette situation.

Toutefois, Harris a trouvé un angle fort pour défendre son programme économique : mettre l’accent sur les classes moyennes. La candidate démocrate veut augmenter l’aide fédérale en proposant des crédits d’impôt pour les jeunes familles et les PME, un contrôle des prix des médicaments et de l’aide pour l’achat de logements. Pour financer cela, elle pense à une fiscalité plus élevée pour les plus riches et les grandes entreprises. Ce discours commence à séduire une partie de l’électorat populaire, inquiet des effets d’une hausse des droits de douane, qu’a proposée Trump, sur les biens de consommation.

Harris en déplacement à la frontière pour défendre une politique migratoire plus dure

Sur le plan migratoire, le numéro d’équilibriste de Harris est bien plus complexe : elle souhaite combattre l’immigration illégale qu’elle a encouragé au sein de l’administration Biden pendant 4 ans. Pour cette campagne, Kamala Harris présente un plan trumpiste édulcoré : réformer un système défaillant pour refouler un maximum d’illégaux mais avec humanité, un plan flou qui soulève des questions sur sa viabilité. Comment concilier fermeté et compassion quand on parle de plusieurs millions de migrants ? Pour le coup, les électeurs américains sont beaucoup plus sceptiques face à ces promesses et continuent à préférer les propositions de Donald Trump, moins floues et beaucoup plus « spectaculaires ».

Propositions économiques de Harris

Samedi 28/09 : liquidation du Hezbollah au Liban

Après l’Ukraine, c’est le conflit israélo-palestinien qui s’est rappelé au bon souvenir des deux candidats à la présidentielle. Si l’Ukraine est un sujet gênant pour le candidat républicain, les actions menées par Israël à Gaza et au Liban ont provoqué une onde de choc au sein de la base électorale démocrate. L’aile gauche du parti et les étudiants américains s’opposent à la politique agressive de Netanyahu et souhaitent que les Etats-Unis changent de politique dans la région en ne soutenant plus automatiquement leur allié.

La politique de Netanyahu fragilise la position modérée des démocrates sur le conflit

Harris a constamment réaffirmé son soutien à Israël depuis son intronisation, mais a également insisté sur l’importance de la diplomatie pour stabiliser la région. Cependant, cette approche modérée semble dépassée dans le contexte actuel. A l’inverse, Donald Trump a une ligne plus claire dans ce conflit : il soutient l’élimination du terrorisme islamique quel qu’en soit le prix humain et estime qu’Israël « doit finir le boulot » contre le Hezbollah. Il est possible qu’une partie de l’électorat radical démocrate fasse défection à Harris si le conflit s’intensifie et prend plus de place dans cette fin de campagne.

Lundi 30/09 : le trésor de guerre de Kamala Harris

On dit souvent que l’argent est essentiel dans les campagnes présidentielles américaines. Pour la troisième fois en trois campagnes, Donald Trump est surpassé par son adversaire démocrate. Chaque jour, Kamala Harris peut dépenser deux fois plus que lui, ce qui lui permet d’investir massivement en publicité dans des états clés et de soutenir ses équipes sur le terrain. Trump est une célébrité et sa notoriété ainsi que son style de communication incisif lui permettent de rester compétitif et de combler en partie cet handicap mais un tel désavantage financier pourrait peser dans la dernière ligne droite.

Harris est soutenue massivement par les employés de grandes entreprises de la tech

Cette semaine riche en événements démontre que rien n’est fait dans cette élection. Malgré cet avantage en cash du parti démocrate, les Américains, critiques du bilan Biden et Harris, semblent pencher à droite cette année. La campagne de 2024 a des faux airs de 2016, à l’exception près que Donald Trump ne symbolise plus le changement comme à l’époque, ayant été président entre-temps. Dans ce contexte, le débat des colistiers entre Tim Walz et JD Vance, prévu le mercredi 2 octobre, pourrait influencer le choix des électeurs. Nous analyserons ce débat dans le prochain épisode de campagne lundi 7 octobre.

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